mercredi 4 février 2015

Retour aux sources : Bräunlingen, Forêt Noire

Après une petite approche générale de la Forêt Noire dans un précédent article, j'aimerai vous emmener dans un petit coin à la limite entre la Forêt Noire et Baar, une petite ville fort jolie où sont plongées mes racines allemandes, j'ai nommé Bräunlingen. Non seulement il s'agit de la ville natale de ma mère, où habitent encore aujourd'hui ma grand mère et qui a donc toujours été le point de rendez-vous pour les réunions de famille côté teuton, mais c'est également là que j'ai été au Kindergarten quand j'étais petit, malgré le fait que j'aie vécu à Donaueschingen, une plus grande ville à quelques kilomètres de là. Du coup, plus que Donau(eschingen), Bräunlingen incarne ce qu'il y a de plus proche pour moi d'une "ville de mon enfance". De fait, quand on vivait en Allemagne, on était beaucoup plus proches (et donc plus souvent en visite) de mes grands-parents allemands que nous l'étions des grands parents-français lorsque nous vivions en France.  J'ai donc un attachement sentimental tout particulier à Bräulingen.

Pour situer vite fait, la ville se trouve au Sud du Bade-Würtemberg, à une vingtaine de kilomètres de la Suisse et une petite centaine de kilomètres de l'Autriche, à vol d'oiseau, vu qu'on est à 50 bornes du lac de Constance, c'est à dire à peine moins que la distance qui nous sépare de la frontière française. Autant dire qu'on est en plein cœur du carrefour germanique.

Bräunlingen dans le Schwarzwald-Baar Kreis, et son église au toit récemment refait lorsque j'ai pris ces photos (en 2010)
Les anciens remparts aménagés en habitations.
Une vue du centre-ville avec le Stadttor, l'entrée de la vieille ville.
La mairie (Rathaus, c'est marqué dessus ^^) Avec ses pignons à redents et ses blasons sur la façade. Et le petit clocher. Sans déconner elle pète quand même la classe cette mairie, non ?
Détail du Stadttor bien classe. Anecdote bien badass, si la ville est pour la première fois évoquée dans les archives dès 804 AD, et bien qu'étant passé entrée dans les territoires des Habsbourg, entre autres, Bräunlingen a joui du statut de Ville-Libre tout au long du Moyen-Âge.
Le Narrenschiff, la Nef des Fous. J'y reviendrai bientôt...
J'aime l'architecture médiévale qui transpire encore dans ce qui reste de ses remparts, ses pignons à redents, et surtout le Stadttor, l'entrée monumentale de la vieille ville, véritable emblème de Bräunlingen. Il y a aussi une brasserie familiale qui fait  - entre autres - une excellente bière de Noël et une toute aussi délicieuse Fasnetbier. Mais LA grande spécialité de Bräunlingen, sa spécificité culturelle, sa fierté, c'est son groupe traditionnel de Fasnet (Fastnacht, en bon allemand, soit le carnaval alémanique), comme en témoigne le Narrenschiff, cette superbe fontaine du centre-ville arborant les attributs de ses figures emblématiques : les Hansele, les Sorcières, et les Porte-Tambours, le Narrenrat, la Stadtwehr... Le Fasnet, ici, c'est une tradition très populaire et très, très vivante. J'ai eu la chance cette année de pouvoir me rendre à un Narrentreffen, une rencontre de Fous, littéralement, et je vais pouvoir vous en faire profiter dans un article à venir... En fait, si l'Alsace est pour moi l'endroit où fêter Noël, la Forêt Noire est celui où il faut fêter carnaval !

Néanmoins, le plein hiver offre également son lot de plaisirs, comme faire de la luge dans un paysage dont l'horizon n'est qu'une ligne de sapins, ou tout simplement profiter du climat hivernal de montagne. Changement de décor, Bräunlingen en hiver (photos de 2014) :

Vue du pont pour aller chez ma grand-mère. On remarque la ferme aménagée, avec son toit typiquement Forêt-Noire !
L'emplacement original de la brasserie qui a déménagé dans une autre partie du village en s’agrandissant.
En s'approchant on voit l'escalier duquel l'Ancienne Sorcière prend son envol au-dessus du brasier lors du Hexensprung, une tradition de carnaval unique que vous découvrirez bientôt. J'adore cet endroit, les pignons, les volets striés, les colombages...
Calvaire sous la neige...
Le Stadttor de nuit...
Cette porte et ce qui reste des remparts font clairement ressortir le passé médiéval de la ville, mais celle-ci comporte également de très beaux ornements muraux qui se chargent de nous rappeler le passé prospère de la ville et son importance à l'époque :

Certains ont leurs murs crépis, d'autres ont des peintures christiques. 1957 est l'année de restauration.
Cette peinture nous rappelle que le bâtiment faisait partie d'une porte du rempart de la ville pendant 200 ans, de 1500 à 1700. Trois cent ans plus tard c'est aussi une auto-école.
Mais le truc le plus choquant, je crois, surtout quand on a vécu plusieurs années à Strabsourg, quand on passé son temps à Colmar, et passé sa jeunesse dans un petit bled comme Artzenheim, quand on a connu des villes et villages de différentes tailles et de différents budgets, c'est de comparer un truc très bête, en fait, mais qui fait une énorme différence sur le plaisir qu'on a à s'y promener. Regardez cette photo, par exemple :

Une journée d'été ordinaire à Bräunlingen, pas de fête de prévue, pas d’événement, aucun effort particulier.
 C'est nickel ! Tout est propre, tout est entretenu ! On est loin de Freiburg et de ses milliers de tags partout, on est loin des trottoirs minés de crottes de chien de Strasbourg... S'y promener est toujours un vrai plaisir, surtout qu'ils ont réaménagé les berges de la rivière qui traverse la ville et c'est très joliment fait !
Sans déconner, on croirait Europa-Park à l'ouverture après le passage des balayeuses !
J'aime aussi, au détour d'une ballade, tomber sur des détails qui ne m'avaient jamais frappé auparavant, comme les petites colonnes aux fenêtres avancées de cette petite maison à colombages coquette et mignonne à deux pas de la boulangerie :

Oh, Dieux ! Il y a UNE FEUILLE sur le trottoir !
Aux environs de la ville il y a les ruines de deux châteaux qui nécessitent un peu de crapahutage et de bonnes chaussures pour espérer en profiter, mais ce qu'on faisait souvent avec mon père c'était monter sur le mont Galgenberg, juste à côté, traverser la petite forêt et se retrouver dans les champs où, après le passage des tracteurs, on peut facilement retrouver des tas de fossiles. La région est très riches, notamment en ammonites et coquillages, à tel point que certains se servent même des plus grosses comme pierres pour leurs murets - après tout ça embellit !

Bref, c'est Bräunlingen, et même si c'est sans nul doute doute la nostalgie qui parle beaucoup dans cet article, j'avais envie de vous le faire partager dans son apparat le plus ordinaire, avant de passer à la suite du programme.

Et la suite, vous l'avez compris, c'est le carnaval alémanique, aka Fasnet.

Avec des sorcières qui sautent à travers des flammes et des cortèges de gens costumés portant des masques en bois taillés d'une seule pièce...

Bientôt...

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