Stockach a laissé sa place, et c'est Schömberg qui apparaît alors. Si la tradition du Fasnet est attesté chez eux depuis 1796, leurs costumes date de 1812. La ville est particulièrement réputée pour ses Franskleidle très colorés qui exécutent leur spécialité propre à leur groupe et unique dans tout le carnaval souabe-alémanique : Une danse dite "Polonaise" (en français dans le texte puisqu'il s'agit d'une valse française importée en 1900).
Les Fuchswadel (en gros les Hänsele avec la queue de renard) dansent
alors avec les Franskleidle, ces figures en costumes très colorés dont
le chapeau est inspiré d'une coiffe traditionnelle de Forêt Noire (avec
les pompons colorées), dans une farandole menée par un chef dont le but
semble n'est que causer le chaos... des centaines de participants
peuvent alors se retrouver à former cette danse où chacun se tient par
la main dans un chaos ordonné qui résonne du tintement des grelots.
S'ils ne pratiquent pas cette danse durant le défilé, nous avons eu une
démonstration la veille avant le Hexenfeuer, donc à la fin de cette
vidéo je vous ai mis un petit bonus... (on y remarque la météo moins
clémente qui nous rappelle que la Forêt Noire, c'est en Montagne).
Franskleidle devant, Fuchswadel derrière. |
Juste après Schömberg nous voyons surgir les Démons de Rottenburg, des figures d'esprits sauvages représentant la nature sous son aspect bénéfique. Comme je le mentionnais précédemment, les esprits de la Nature sont représentés qu'ils soient bons ou mauvais, mais curieusement, si leurs costumes d'origine étaient très semblables (confectionnés avec des restes naturels comme de la mousse, de l'écorce, des copeaux, des branches...), les costumes d'esprits sauvages "positifs" ont conservé leur apparence d'antan alors que les costumes moquant les "méchants" ont eu tendance à évoluer vers des figures plus colorées et carnavalesques. Est-ce par respect ou simple nécessité de pouvoir séparer les deux avec des visuels très clairs ? Difficile à dire.
En tout cas la figure habillé de fourrure d'agneau du Ahland est unique à Rottenburg. Son nom vient probablement du vieil allemand fâlant ou vâland qui est un diable, ou un démon. Mais ce nom implique qu'il amène la chute, et dans ce cas précis, il représente l'esprit qui amène l'Hiver à sa fin. Ce qu'il fait évidemment en faisant sonner ses grelots de bronze ou d'acier. Notons que le nom de cette figure, tiré du vieil allemand, atteste de l'ancienneté de la tradition si le fait que les archives écrites le mentionnant dès 1410 ne suffisaient pas. Tout comme les Franskleidle, l'Ahland est connu pour la danse traditionnelle associée à sa figure, dont ils nous ont offert une démonstration la veille avant le Hexenfeuer... démonstration que je n'ai pas inclus en bonus dans cette vidéo parce que la qualité d'image n'était pas excellente (la nuit tombait + monde + neige). Je vais voir ce que je peux faire pour éventuellement en faire un mini-bonus à la fin de cette série si ça intéresse quelqu'un.
Dans la foulée de cette figure atypique nous rencontrons le Jokili, de la ville d'Endingen. En 2007, j'ai assisté au Narrentreffen d'Endingen alors que leur groupe folklorique de Fasnet, ce qu'on appelle généralement un Narrenzunft, fêtait ses 225 ans. Leur figure emblématique s'appelle Jokili, et si ce nom vous rappelle "joker" c’est normal, la racine latine est la même (ioculator étant l'amuseur, le plaisantin). Leur costume fait honneur à cette comparaison et ce sont bien des Jokers qui défilent et viennent vous mettre des coups de vessies - oui, habituez-vous à être frappés par des vessies, c'est très, très courant. Et ils s'aiment, les Jokili, d'ailleurs, leur salut n'est pas un "Narri-Narro !" ou une variante du genre mais "Respekt vor uns Jokili !"... "du respect devant nous Jokili". Rien que ça ! Le plus vieux masque de Jokili retrouvé date de 1860/70, mais la figure existait déjà avant, parfois simplement maquillée. En fait, il s'agit d'une des plus anciens personnages du Fasnet dans l'Oberrhein. Il a toujours été traditionnellement rouge... comme le Stadttier.
Ah oui, le Stadttier, cet hybride rouge mi-cheval, mi-taureau qui fonce dans le public pour faire place nette (fonction similaire au Stadtbock de Bräunlingen). Littéralement la Bête de la Ville, ce personnage rempli la même fonction que les Fous Policiers qu'on reconnaît souvent à leur sceptre (Ici le Oberjokili qu'on voit également dans la vidéo), c'est à dire dégager le parcours afin que les groupes de figures puissent défiler dans de bonnes conditions. Du coup, si vous empiétez un peu trop sur la route, il s'assure que vous reculiez un peu... à sa façon.
Jouer le Stadttier est, il faut le savoir, un privilège, puisque la personne qui l'incarne est choisie chaque année parmi les membres les plus actifs du Narrenzunft (le groupe folklorique). Être dans le costume de cette figure unique est une reconnaissance de son fort engagement pour le groupe.
Je sais que cet article est un peu court, mais rassurez-vous, le prochain sera très, très gras. Car demain, nous retrouverons des figures familières et en découvriront de nouvelles... préparez vous à des sorcières malicieuses, des bûcherons qui trinquent, des costumes couverts de bois, et des chauves-souris féministes, ah et le Diable aussi. Oui.
A demain, alors !
Le meneur de la danse "Polonaise" de Schömberg, avec son casque à queue de cheval. |
Le Fuchswadel, le Hansele de Schömberg. |
J’aime beaucoup le Stadttier ! ^^
RépondreSupprimerJ'attends la suite avec impatience ...
Mmmh le Diable ... On va enfin voir son visage ? ^^
Oh oui... ses multiples visages, même !
SupprimerMerci beaucoup pour tes encouragements dans cette série d'articles :)