vendredi 22 novembre 2013

Retour à Stockholm

Grâce à un coupon de réduction, j'ai pu m'embarquer pour une nouvelle virée à Stockholm sur un ferry Viking Line, mais seul, cette fois. Et pour seulement 5 euros l'aller-retour. Oui.

Ça m'a coûté moins cher de prendre le bateau pour passer 6 heures à Stockholm que d'aller voir un film de 2 heures à Helsinki.

Bref, un billet de cinq euros bien claqué. Mais deux nuits de voyage sur une couchette qui vibre sans me laisser vraiment dormir pour quelques heures de ballades en ville : Est-ce que ça vaut le coup ?

La réponse, évidemment, est OUI.

Déjà, ça me permet de voyager, ce qui ne m'arrive pas tant que ça. Alors oui, j'en entends qui ricanent, louchent vers la liste de pays dont je parle sur ce blog et se disent "non mais ça va, il te faut quoi ?". Mais le fait est que pour l'Estonie, les Pays-Bas et la Suède, je n'ai jamais fait que des visites éclair, quelques heures à chaque fois (bon, trois fois pour Tallinn), pas vraiment le temps en général de voir énormément et de s'imprégner du pays.

Si je passais quatre heures à Paris je ne pourrais pas clamer : "J'ai voyagé en France".

Stèle runique représentant l'aspect guerrier d'Odin
Mais quelques heures, c'est déjà beaucoup, et j'en ai bien profité. J’ai pu faire un tour dans le cœur historique à peine entrevu la dernière fois (où la majorité du temps fut consacrée au Musée de Vasa), ainsi que faire un crochet au Musée Historique avec une heure de visite devant moi, juste assez pour voir l'étage "préhistoire" et "âge Viking". Et rien que pour ça, ça valait franchement le coup ! Les pierres runiques sont de toute beauté, les bijoux et toutes les pièces forgées simplement sublimes de détails et de délicatesse, et de pouvoir voir une barque funéraire aussi bien préservée, un privilège. Je ne regrette pas ce détour, seulement de ne pas avoir pu voir l'étage supérieur du musée... Il faut VRAIMENT que je fasse un vrai séjour en Suède pour voir tout ce que je voudrais... peut-être un été ?

La ville me laisse une impression de similitude avec Helsinki assez frappante dans son architecture "classe" et historique, en dehors du petit cœur médiéval dont la capitale Helsinki n'a pas d'équivalent. En revanche Stockholm fait plus massive, plus grande ville comme on la voit en Europe centrale. Moins vert, aussi, même si le fait d'être répartie sur un archipel donne à la ville un côté morcelé qui l'aère un peu. Très belle ville tout de même, mais j’admets préférer l'ouverture et la verdure d'Helsinki, quand Stockholm me paraît  plus concentrée. Après, je parle du centre-ville, évidemment, je ne peux pas juger du Grand Stockholm.

En revanche, leurs bâtiments officiels sont quand même plus classes qu'en Finlande, il faut bien l'admettre. On sent bien qu'ils ont servi depuis plus longtemps...

(Attention au bling bling quand même face au Théâtre Dramatique, hein... on frôle le mauvais goût au milieu de cette architecture qui autrement parvient à en mettre plein la vue sans se la péter).

J'avais prévu une seule vidéo, mais j'ai dû la recommencer pour cause de droits d'auteurs, je l'ai donc refaite puis scindée en deux parties, ça s'y prêtait bien et c'était plus facile pour la mettre en ligne/ corriger en cas de nouveaux droits d'auteurs litigieux. La première vidéo concerne la ville de Stockholm en elle-même :


Et la vidéo spéciale dans le Musée Historique :


 

lundi 18 novembre 2013

Choc culturel, intégration et autres poncifs : Le rapport à l'Histoire

Après une petite introduction je vais développer ma propre expérience de choc culturel et d'acculturation. Non seulement parce que ça pourrait en intéresser certains mais soyons franc, aussi parce que ça va me soulager. Dans ma série d'articles sur les trucs qui m'ont gonflés dans d'autres cultures, je commence par un sujet... vaste.

J'évoquais dans mon article précédent le repli de la Grèce sur son Histoire passée (souvent antique, qui plus est) en citant une phrase pompeuse vue aux Météores. Je crois qu'il faut vraiment y revenir, à cet exemple, parce qu'il est idéal. Pour vous remettre dans le contexte, imaginez-vous dans le musée des monastères des Météores, un musée certes sur l'histoire de ce site mais surtout sur celle de la Grèce dans son ensemble, avec des costumes de diverses régions, une rétrospective historique rappelant les grandes batailles - et victoires, surtout - de Hellas ! Vous passez les tableaux en revu dans une petite salle bourrée d'objets exposés et vous tombez sur ceci :

L'Histoire de la Grèce en un tableau. Hé, un méchant allemand ! D'ailleurs on le voit pas bien, mais le peintre s'est foiré avec la swastika comme ces collégiens qui en gravent dans leurs tables sans comprendre que les branches tournent toutes dans la même direction... Il y a aussi le vilain Turc, qui comme tous les vilains Turcs sur tous les tableaux fume un narguilé et tue un chrétien. Pour une raison qui m'échappe, on ne voit pas de cimeterre, pourtant attribut inséparable du vilain Turc sur tableau.

La légende du tableau en question. Merci à Ada-Maaria Hyvärinen pour les trois photos.

Il y a un paquet de choses à dire sur ce tableau et sa légende, et qui résume bien mon blocage face aux Grecs et à leur rapport à leur Histoire (et l'Histoire en général d'ailleurs, puisque les deux semblent se confondre). Notez que la légende nous annonce "Grèce Antique" alors que le tableau va de Adam et Eve - malheureusement hors du cadre, le tableau était très long - à nos jours. Soit la légende n'a rien à faire sous ce tableau, soit leur vision de l'antiquité grecque diffère de celle qu'on apprend au reste des écoliers européens. Et en lisant le texte on comprend que oui, la Grèce millénaire EST la Grèce, EST même le monde ! Ma traduction libre, n'hésitez pas à me corriger :

"La Grèce Antique - lieu de naissance universel et éternel berceau de la civilisation, l'éternel source spirituelle de l'univers, le grand professeur et brillant rayon de lumière de l'Europe, hier, aujourd'hui, et toujours.

Les arts plastiques, architecture, poésie, prose, musique, philosophie, rhétorique, les sciences - toutes les entreprises intellectuelles ont atteint leur apogée et trouvé leur expression charismatique dans la Grèce de l'antiquité classique.

La liberté et la démocratie - des conceptions intriquées qui furent mises en pratique et glorifiées dans leur essence la plus profonde et plus fondamentale à Athènes.

Marathon, Thermopyles, Salamine, éternel symboles d'une haute éthique, de patriotisme, de générosité de l'âme, d'abnégation et de sacrifice. Les épopées d'Homère et le Parthénon - uniques, impérissables monuments de la civilisation globale, un hymne glorifiant et guidant le Mot Écris et l'Art à travers les siècles.

La philosophie de la Grèce Antique - préceptrice de l'Humanité. Elle a élargie les horizons de la pensée et lancée la quête de la vérité. Elle a traité du concept de Dieu unique, "pavant la voie et développant ce que Christ compléta."


Voilà, rien que ça. Alors certes, Homère, le Parthénon, la philosophie... Certes. Mais bon, si des Arabes ou des Chinois, ou des Indiens, etc, lisent ce petit résumé de l'histoire de l'art et de la pensée de la civilisation "universelle" et "éternelle", j'espère qu'ils ne s'en vexeront pas pour autant. La philosophie grecque a préparé Jésus Christ, d'ailleurs, le Dieu unique, c'est elle qui s'en est occupé.

On notera que les "batailles héroïques" sont toutes trois menées contre le Pont, rien sur les Romains ou tout autre ennemi... Mais surtout le coup de la démocratie. Alors ce que cette légende nous dit, c'est quand même :

La liberté et la démocratie - des conceptions intriquées qui furent mises en pratique et glorifiées dans leur essence la plus profonde et plus fondamentale à Athènes.

Alors pour rappel, seuls les citoyens votent dans une démocratie dans son essence fondamentale et profonde à l'athénienne. Donc les hommes nés de père Athénien et ayant fait le service militaire, ou ayant un père et une mère athénienne. Femmes et esclaves (bah oui, esclaves) sont des biens, donc non, et les étrangers, sauf exception, non plus. On peut aussi ostraciser un citoyen en votant contre lui. Il perd tous ses droits et peut être torturé en place publique sans que personne ne lève le petit doigt. Plus citoyen, plus protégé par la Cité ! Et pourtant, le coup de la démocratie née à Athènes, les Grecs le ressortent à toutes les sauces et le brandissent comme si on leur devait quelque chose encore aujourd'hui. Désolé, mais en Islande on votait en assemblées et les femmes avaient un paquet de droits bien avant que les Chrétiens ne ramène leur culture greco-latine dans les parages. La Grèce n'a pas seule paternité de la démocratie, et encore moins dans le sens que l'on lui donne aujourd'hui (qui n'a presque rien à voir). Ce serait comme dire que Charlemagne a inventé l'Union Européenne. C’est un mythe, tenace, qui s'inscrit dans la longue tradition de ce que les Grecs prétendent avoir toujours "eu avant".

On m'a même sorti que "toutes les nations européennes ont eu leur période totalitaire impérialiste sauf la Grèce" qui, elle, a inventé la démocratie ! Comme il leur est facile d'oublier que Athènes a entubé toutes ses alliées grecques dans la Ligue de Délos (aussi appelée... Empire Athénien...). Une mémoire super sélective qui s'applique aussi à l'époque moderne. Par exemple, le Επέτειος του Όχι, le "jour du non", qui célèbre le jour où les fascistes Italiens ont envoyé une missive au grand  leader grec Ioánnis Metaxás pour lui faire savoir que la Grèce était désormais une colonie italienne. Ce à quoi notre héros aurait donc simplement répondu :

Non.

(Ou "alors c'est la guerre", mais "non", c'est plus classe). Avant de bouter les Italiens hors de ses terres et de leur prendre une partie de l'Albanie (La honte pour Mussolini qui a donc appelé son ami Adolf à la rescousse. Ça s’est moins bien passé pour les Grecs). Le "Jour du Non" célèbre l'esprit de résistance grec, la combativité de ce peuple fier et libre, défenseur des valeurs telles que : Liberté, démocratie, Grèce. Bref, la légende sous le tableau. Là où ça devient glauque, c’est de voir des enfants dans des jardins d'enfants remplir joyeusement de couleur des modèles de dessins de soldats hellènes en armes avec le drapeau qui flotte dans le fond... et là où ça devient encore plus flippant c'est que personne ne semble vouloir se souvenir que Ioánnis Metaxás était lui-même un dictateur d'extrême-droite quasi-fasciste qui avait plus à voir avec Mussolini qu'avec ses alliés anglais, n'était l'opportunisme. Donc, pour le Jour du Non  - Fête Nationale quand même - on va voir des jeunes enfants glorifier le jour où un facho grec a dit NON à un facho italien, et ça, c'est le symbole de l'esprit de résistance et de liberté de la Grèce Éternelle.

D'ailleurs, dans ce même musée, si les vitrines sur la Victoire contre les Ottomans et plus tard les Italiens s'accumulent, il y a deux panneaux en tout et pour tout sur la dérouillée prise contre les Allemands, et l'un d'eux n'est que la liste des moines du monastère liquidés par les nazis. Même scénario à Thessalonique ou Athènes. L'histoire, dans un musée grec, c'est quand la Grèce gagne. Le reste c'est un détail qu'il faut vite expédier.

Je pourrais continuer mais avec ces quelques exemples choisis on comprend peut-être mieux pourquoi j'ai eu un énorme problème avec ça, d'autant que le pays affrontait déjà la crise qui se poursuit aujourd'hui. Seulement, dans une culture pareille, l'autocritique est rare et le déni profond. Discuter des problèmes de la Grèce avec des Grecs relève souvent du dialogue de sourd, même si le problème de la corruption n’est généralement pas question à débat. Mais il flotte dans l'air ce parfum de gloire éternelle tellement puant que j'ai fini par abandonner. La Grèce est la source de tout, a tout inventé, et le monde manque de reconnaissance envers elle. Nous sommes ingrats.

Cela dit, ce déni complet face à une grandeur passée dans un pays qui rame et qui croit encore être ce phare à l'horizon des peuples libres ne m'était pas totalement nouveau. J'ai vécu en France assez longtemps pour entendre le refrain sur la France, Patrie des Droits de l'Homme. La France qu'on écoute. La France Résistante. "Une certaine idée de la France" qui n'a, elle non plus, pas grand chose à voir avec la réalité d'aujourd'hui. La différence c'est que la Grèce a déjà le nez dans la misère crasse. 

Quand ton Aldi ressemble à ça, tu sais qu'il y a un problème :


Or, la France n'y est pas encore tout à fait. Elle croit que ça va très mal, et pourtant elle ne croirait jamais que ça, là, des rayonnages vides partout, les fascistes dans les rues qui défilent en chantant le Horst Wessel Lied, le FMI et la BCE qui lui prête en grognant pour éponger sa dette catastrophique pendant que le reste de l'Europe lui impose de vendre le Mont Saint-Michel aux Chinois, ça ne lui arrivera pas. Parce que c'est la FRAAAANCE, et que la France est un grand pays qui ne tombera jamais. C’est une nation éternelle qui a inventé les Droits de l'Homme et l'Europe devrait être à ses pieds - d'ailleurs si tu veux bosser dans l'UE, faut parler Français. Parce qu'on l'a quand même fondée, l'UE. L'Allemand, par contre, pas obligatoire, non, non, mais le FRANÇAIS oui !

Quelque part, j'ai retrouvé en Grèce quelque chose que je ne supportais déjà plus en France, en plus extrême encore, et c'est peut-être la raison pour laquelle cet aspect de la culture grecque me paraît être encore aujourd'hui l'un des plus gros obstacles à mon acculturation durant mon SVE, ce qui a fait que je n'ai pas pu m'y adapter.

La grosse différence avec des similarités apparentes en Finlande, c'est le contexte. Prenons par exemple la Guerre D'hiver, où la Finlande, seule, abandonnée par ses "alliés" de l'Ouest qui lui avaient promis assistance et n'ont fourni que de bons sentiments, a tenu tête à l'Union Soviétique. Les Soviets se sont cassé les dents sur la Finlande, petit pays peu peuplé qui a osé lui montré le doigt et résister à son rouleau compresseur. Si finalement la Finlande a dû céder un traité de paix sous la contrainte, et donc n'a pas gagné cette guerre, elle est parvenu à empêcher son invasion complète malgré tous les pronostics, et a échappé à la satellisation à l'Union soviétique (contrairement aux pays baltes comme sa cousine l'Estonie). Techniquement c'est une défaite, mais pour les Finlandais, c’est une Victoire, le sauvetage d'une indépendance fraîchement acquise (1917, donc à peine une vingtaine d'année plus tôt), la confirmation pour une jeune nation qu'elle veut être libre. Aujourd'hui la guerre d'hiver est glorifiée à l'envi, un peu trop peut-être, mais plusieurs différences font que cela ne m'agace pas.

- Ils ne rattachent pas tout succès actuel à ce passé glorieux
- Ils ne justifient pas leurs actions d'aujourd'hui par le prisme des actions d'hier.

D'ailleurs, si une frange plus "traditionaliste" réclame encore mollement le retour de la Carélie "occupée" à la Finlande, elle n'est guère écoutée, et ces gens sont considérés comme des reliques amusantes et inoffensives. On n'est pas dans la situation grecque ou, pour une question de nom, la Macédoine n’est pas reconnu par la Grèce et ses alliés, parce que la Macédoine, c’est en Grèce ! Faux, d'ailleurs, selon le point de vue de l'époque, mais perdre la Macédoine, pour la Grèce, c’est perdre Alexandre le Grand, or, Alexandre le Grand, il est 100% grec, c'est nous, on a le plus grand Empire de tous les temps ! Cette farce a bloqué l'accession du "FYROM" puisque le nom Macédoine lui est reproché à l'UE pendant des lustres et obligé des statues d'Alexandre le Grand à se faire renommer "Guerrier à cheval" pour éviter des crises diplomatiques avec Athènes.

Avoir un rapport biaisé à son Histoire est une chose presque normale, inévitable. La différence c'est l'extrémité dans laquelle on va pousser le déni et la falsification pour se glorifier à travers un passé révolu, qui excuserait ou justifierait les mauvaises décisions ou mentalités actuelles. La Finlande, nation jeune, est parvenue à créer un équilibre entre patriotisme et réalisme, sortant régulièrement ses drapeaux partout pour des jours commémoratifs de ses auteurs, de sa culture, de son histoire, tout en se questionne régulièrement sur les relations entre Mannerheim et Hitler, et sur l'entente militaire avec l'Allemagne. La Grèce, elle, a ses drapeaux sortis partout et constamment, et ne se pose que peu de questions sur ses zones d'ombre.

Tout est dans la mesure. Ou la démesure.

samedi 16 novembre 2013

Choc culturel, intégration, et autres poncifs : Une Introduction

Si vous êtes intéressé par l'expatriation, qu'elle soit temporaire ou définitive, vous avez probablement vu/entendu parler de cette fameuse courbe d'adaptation qui vous montre les phases par lesquelles vous passerez probablement lors de votre expérience. Cette courbe, la voici :

Emprunté à http://www.gestion-des-temps.com/
On nous l'a sortie avant mon départ en Service Volontaire Européen, durant notre "séminaire", et plus récemment j'y ai eu droit à nouveau dans une réunion d'information relative à mon futur échange durant le second semestre de cette année. Cette courbe est ressortie à toutes les sauces, et ce malgré le bémol que "ça dépend des personnes et tout le monde ne passe pas par toutes les phases, etc. etc.". Alors certes, je suppose que beaucoup de monde est passé par là, sinon cette courbe n'existerait probablement pas, mais à titre tout à fait personnel, je dois dire que cette courbe me fait bien rigoler.

Ni en Grèce durant mon SVE, ni en Finlande je n'ai suivi cette courbe, et pour des raisons différentes en plus. Si j'osais, je mentionnerai mon déménagement en France ou, malgré ma double culture (ou à cause d'elle), débarquer dans un village très replié sur lui-même a été peut-être l'un des pires chocs culturels qu'il m'ait été donné la "chance" d'affronter. Oui, je dirai que déménager dans un petit bled Alsacien a plus dépaysé le germano-alsacien que j'étais que la Grèce, mais bon, j'étais jeune et naïf à l'époque. Bref.

Résumons succinctement cette fameuse courbe. Théoriquement, on arriverai dans le pays d'accueil, et comme tout est tout nouveau tout beau, on traverserait une phase d'euphorie souvent appelée "lune de miel". Puis, la réalité nous rattraperait et nous plongerions dans un état d'agacement profond : Nous remarquerions ce qui ne nous plaît pas, nous semble ne pas fonctionner, le mal du pays nous prend, bref, c'est le choc culturel. Puis, par un procédé d'acculturation, nous accèderions à une stabilité retrouvé, l'intégration. La courbe ci-dessus donne même trois variantes possibles à l'issue de ce processus :

a) Vous ne parvenez pas à vous intégrer, le choc est trop grand, et c'est la dépression qui vous guette.

b) Vous êtes intégré, tout va bien, mission accomplie Bravo Leader.

c) Vous êtes devenu un intégriste de votre pays d'accueil, un converti fanatique qui connaît mieux ce pays, ses coutumes et son histoire que les natifs. Vous leur faites presque peur, en fait.


Mon expérience n'a pas suivi ce modèle. Commençons par la Grèce.

La Grèce a commencé par la découverte que nos appartements étaient bourrés de volontaires (jusqu'à quatre par chambre prévue pour deux qui se serrent...), et un projet qui n'avait apparemment pas besoin de moi pour un mois. Une organisation déplorable côté association d'accueil donc, mais une bonne humeur et une chaleur humaine qui donnait un a priori tout de même positif. Malheureusement, travailler dans ce projet c'était quand même la raison pour laquelle j'étais venu. Je découvre aussi les joies des transports en commun grecs et leur absence en pratique de grille horaire, l'attitude "aujourd'hui peut-être, ou alors demain" et "je suis en pause, unique client de l'après-midi, ne me dérange pas". La lune de miel, je ne l'ai pas eu, je suis directement passé au gros choc culturel qui tâche. Et si mon acculturation s’est faite par à coups, j'ai réussi à ignorer le fait que rien ne marche et que tout fonctionne par piston. Du maire du petit bled à la Police, tout passe par le petit billet glissé où il faut quand il faut. Et ça, ça m'a gonflé du début à la fin, mais j'ai fait avec. J'ai découvert la chaleur des gens, leur hospitalité, et j'ai apprécié. Est-ce que cela compensait leur absence totale de réflexion dans leur comportements à risque ? Non. Exemple :

Moi : "Vous pensez que c’est une bonne idée de jeter vos mégots de cigarette par la fenêtre, en été, au milieux des montagnes ? Il y a pas mal de feux dans toute la Grèce à cette période de l'année, tous les ans, et..."

Réponse des travailleuses sociales après un éclat de rire : "Ça c'est les gens qui brûlent leur terrain pour l'assurance, pas les cigarettes !"

Voilà voilà... Je ne me suis jamais adapté à la culture grecque, et j'en ai rapidement eu marre. J'étais content de partir après six mois. Les gens étaient adorables, en tant qu'individus, la nourriture était excellente, les paysages somptueux, mais le pays en tant que culture (dans sa forme actuelle), ne m'a laissé de place ni pour la lune de miel, ni pour l'adaptation. Je suis passé de l'agacement au rejet en 6 mois. Tout en adorant les gens pris individuellement, ce qui fut le plus troublant. Les travailleuses sociales avec lesquelles j'ai travaillé étaient très prévenantes et gentilles, mais leur petit rire amusé quand je leur faisais remarquer qu'avec un paysage aussi somptueux que le Péloponèse c'était dommage de jeter tous leurs déchets par la fenêtre de la voiture au lieu de les mettre dans un sachet pour les jeter plus tard, je n'en pouvais plus. Ah, le petit écolo allemand, qu'il est amusant avec son concept de poubelles !

Xylokastro: Mes premières impressions de la ville.
Car oui, les Grecs ont beau vivre de leurs paysages et de leur patrimoine historique et culturel, ils le traitent avec un manque de respect qui touche au scandale. Entre le recyclage qui se résume à "papier-carton par la fenêtre gauche, plastique par la fenêtre droite" et les plages dégueulasses à peine nettoyées en plein été, j'ai été époustouflé par le dédain général des Grecs pour leur environnement, qui est pourtant leur gagne-pain majeur. Des détritus partout ! Et là je ne parle pas des grèves des éboueurs, je parle des sentiers, plages, grottes, trottoirs, des villes aux petits villages de montagne. Saison ou hors saison, d'ailleurs. Ironie, le touriste qui prendra de l'argent au distributeur de billet chez Alpha Bank se voit admonesté sur son reçu "Please keep Greece tidy" (veuillez laisser la Grèce propre s'il vous plaît) pour l'encourager à ne pas laisser le reçu traîner par terre. L’hôpital qui se fout de la charité, merci. D'ailleurs, tout un groupe de volontaires à Xylokastro n'était là que pour "nettoyer la plage et la forêt" avant la saison touristique... Mais l'exemple le plus criant qu'il me fut donné de voir fut ma visite dans la grotte de Drogarati, à Céphalonie. Un chef-d’œuvre de la nature et l'un des deux plus grosses attraction de l'île avec la grotte de Melissani (les deux grottes en question étant, grosso modo, la raison pour laquelle un touriste choisirait de venir sur cette île plutôt qu'une autre). Alors que je m'apprête à sortir de la grotte, l'un des gardiens avertie un groupe de touristes de ne pas prendre de photos avec flash, parce que la luminosité permet aux champignons et autres fongus de se développer. Je lui dit avec un sourire qu'heureusement que j'avais désactivé le mien parce qu'on ne m'avait pas averti, et que je trouvais que de toute façon les lumières de la grotte étaient suffisantes. Et alors là, stupeur.

Le gardien : "Oui, mais ces lumières sont mauvaises aussi, elles aussi elles font grimper des plantes et champignons" me dit-il en me montrant la mousse qui pousse autour d'un spot. "Ce ne sont pas des lumières spéciales."

Moi : "Mais est-ce que des lampes spéciales existent ?"

Lui : "Oui, oui, ça existe..."

Moi : "Mais cette grotte c'est non seulement un trésor de votre patrimoine mais aussi votre attraction phare, si vous ne mettez pas de bons spots vous allez la détruire ??! Pourquoi ne pas installer des lampes qui préserveraient la grotte ??" (et encore je fais court, j'étais sur le cul et donc assez loquace)

Lui, sur le ton de la conversation : "D'où venez-vous ?"

Moi : "De France."

Lui : "Ici, c'est la Grèce."

Ici, c'est la Grèce. Et cette réponse résume mon expérience avec la culture grecque, une ligne descendante que ni les paysages ni l'hospitalité des habitants n'a su remonter. Le choc culturel fut énorme, parce que je voyais une culture ancienne et fière tournée entièrement vers son passé, vivant du tourisme sans prendre soin de son outil de travail, manifestant contre l'"avarice des fascistes allemands" en défilant avec des panneaux montrant Merkel en uniforme de SS, tout en s'étonnant sincèrement sur les plateaux télé de la baisse significative de l'arrivage de touristes allemands pourtant super-clients habituels. Et ce en pleine grève des livreurs d'essence et donc un pays à sec de carburant en plein mois de juillet. Une Grèce qui se réclame source de la culture européenne, berceau de la civilisation hier, aujourd'hui et pour toujours (sérieusement, lu tel quel aux Météores) mais qui me justifiait la situation économique actuelle par des raisonnements du genre "nous sommes le seul pays à qui l'Allemagne n'a rien dédommagé après la guerre, et voilà où on en est". Voilà. Ici, c'est la Grèce.
De l'importance du cadrage : Ce que j'ai évité de vous montrer. Montagnes près de Velo, mars 2010.

Maintenant, la Finlande. J'ai eu la chance de pouvoir visiter le pays deux fois presque d'affilé quelques mois avant d'y emménager, en total touriste, donc, sans contrainte administrative ou autre. Mais le choc culturel n'a pas vraiment eu lieu, car comme tout bon touriste, j'étais tout de même isolé par cette bulle qui fait que je n'étais que "de passage". L'acculturation n'a pas vraiment lieu d'être et tout métissage culturel ne peut être que superficiel. Le vrai défi a commencé en août, quand j'ai déménagé pour de bon. Aller simple. Là aussi, le schéma classique n'a pas eu lieu.

Et pourtant, la culture finlandaise est beaucoup plus proche de ce que je peux accepter en tant qu'individu, et de ce à quoi mon esprit peut accepter dans un processus d'intégration. Le problème n'était donc pas dans une culture trop différente. Le problème c'est que j'ai eu à affronter une série assez harassante d'épreuves administratives, entre la Police, la Magistrature, la Banque, le système de santé, l'assurance, la fac. J'ai eu la tête dans le guidon si longtemps et si intensément qu'une fois la situation plus posée, j'avais déjà une idée assez équilibrée des deux faces de la médaille qu'on appelle Finlande. J'avais vu ses aspects les plus plaisants et son côté casse-couille. Pas de lune de miel au programme ou le pays serait parfait. Pourtant, après deux ans et demi de vie sur place, je n'ai jamais eu non plus de phase où le mal du pays m'aurait saisi et où je me serais dit "au diable ce pays de dépressifs alcooliques !". Même dans les pires moments financiers/administratifs, j'ai traversé la tempête en ayant à l'esprit "tu l'as voulu, tu l'as eu, un grand coup dans ton..." ainsi que ces aspects culturels qui me faisaient persévérer. Depuis le début, j'ai une expérience de la Finlande qui tient en équilibre entre ces deux côtés, et je peux donc dire que j'ai suivi une ligne ascendante sans tomber ni dans l'euphorie, ni dans le choc culturel. Peut-être que la culture finlandaise est trop proche de l'allemande avec laquelle elle partage beaucoup ? Ou bien c'est justement le contraste avec la Grèce que j'avais quittée seulement un an plus tôt ?

Par honnêteté intellectuelle je me dois de mentionner que les finlandais, eux-aussi, souffrent d'un paradoxe concernant le recyclage, j'y reviendrai plus tard car ça, par exemple, ça m'agace :-p
Maintenant je suis culturellement intégré (bémol pour la langue encore mais bon, c'est le finnois, c'est dur. Voilà.), et j'apprécie le pays pour ce qu'il est : Un beau pays de gens bourrus mais sur lesquels on peut compter s'ils vous acceptent, et dans lequel je me sens bien et voudrais volontiers travailler une fois le diplôme dans la poche - bref, y vivre, et ce en toute connaissance de cause. Je ne nie pas que pas mal de trucs peuvent m'agacer, que niveau nourriture au quotidien c'est pas le pied (et ça on s'en rend compte dès le Jour 1), que la vie est trop très chère... mais je m'y plais, je suis intégré. Et la France ne m'a jamais manqué.


Sauf sa cuisine.

lundi 21 octobre 2013

Conseils du jour quand on débarque en Finlande (suite)

Avant de continuer, je tiens à vous remercier pour m'avoir confirmé que notre carte d'identité est bien un simple bout de plastique merdique où qu'on se rende. Alors la suite des règles élémentaires :

L'administration en Finlande (suite)

Règle n°4 : Ne comptez pas (seulement) sur l'UE, ou le coup des "niches" exceptionnelles

Quand on part hors de l'UE, on le sait, on s'y prépare. Quand on part intra-UE, on le sait, et on y va avec ce que de beaux sites internet officiels nous disent d'emmener. On croit qu'on s'y prépare... mais non.

Attention, qu'on ne se méprenne pas, je ne suis pas en train de dire que l'Union Européenne ne sert à rien. Seulement force est de constater qu'une réglementation européenne, même très utile, ne vous servira à rien si le pays où vous vous rendez l'applique mal... ou pas du tout. (cf. l'article précédent) Et ce n'est pas Bruxelles qu'il faut blâmer dans ce cas là, car Bruxelles a fait sa part du travail.

Exemple : Je suis un étudiant ressortissant de l'UE qui part étudier en Finlande pour l'intégralité de mon cursus. Comme je me suis installé en Finlande avec mes papiers en règle et un numéro de résident, je devrais avoir les mêmes droits - y compris sociaux - qu'un Finlandais. Du moins ça, c'est la théorie.

Où est le piège : Pour toucher, disons, des aides étudiantes, le petit peu d'argent qui me permettrait de ne pas vivre uniquement aux crochets de mes parents durant mes études, Kela, en gros la CAF locale, ne me donne rien. Pourquoi ? Parce que la raison principale de mon séjour en Finlande, c'est les études, or, des aides financières ne sont données à des étrangers que si  : 1) Leur motif principal de résidence est un emploi (et pas un job étudiant, c'est un vrai boulot qui dure toute la semaine avec un quota d'heures minimum, donc, pour un étudiant, ben...) 2) Ils se marient avec des Finlandais(e)s. Pour la Finlande, rien ne prouve que je ne vais pas me barrer comme un voleur après mes études après avoir sucé l'argent de leur contribuable. Le hic, c'est que la France, de l'autre côté, me répond "vous vivez là-bas, vous êtes déclaré résident, ce n'est pas à nous de vous donner des aides sociales". Bah oui, je ne suis pas en échange... Donc je me retrouve dans une niche. Est-ce un trou dans la législation européenne ? Est-ce que l'un des pays se fout des législations en question pour économiser quelques euros ? Je n'ai pas encore réussi à percer le mystère.

Bon après, ne pas toucher d'APL, par exemple, c'est moins gênant quand on ne paye pas de taxe d'habitation, concept qui leur fait ouvrir de grands yeux ronds. C'est déjà ça de gagné !

(Quand j'explique que le montant de la taxe d'habitation dépend de la surface, mais aussi, entre autres, du nombre de fenêtres, souvent, ils rient)

Règle n°5 : Laissez votre paranoïa au vestiaire

...ou vous ne pourrez rien faire aboutir. Comme je l'évoquais précédemment, l'administration finlandaise fonctionne comme Google, tous vos comptes sont plus ou moins liés, et on peut s'identifier dans tous les services avec le même identifiant (majoritairement bancaire, d'ailleurs... ce que je ne peux pas faire à cause de mon problème de droit en ligne). Du coup, la moindre démarche peut vous faire passer un check-up complet afin de vérifier que vous êtes un honnête citoyen que rien ne s'oppose à ce que accédiez à ce service. Alors bon, si c'est un service de l'Etat, et qu'on vous demande "puis-je vérifier vos informations confidentielles", vous dites oui parce que bon, c'est l'Etat. 

Mais quand c'est le vendeur de téléphonie mobile ?

Exemple : Pour pouvoir bénéficier de la formule téléphone + forfait et ne plus avoir à gérer avec une carte prépayée comme un trafiquant de drogue, il me faut attendre une période de 2 ans de résidence sur le territoire, ou payer une franchise immédiate de... près de 600€ (!!). Oui, deux ans. Si je repartais après les 3,5 ans minimum de mon séjour, j'aurais attendu plus longtemps pour ce service que je n'en aurais joui.

J'ai attendu deux ans et me suis présenté chez le fournisseur.... Seulement voilà, pour que le forfait commence début du mois (donc, le dimanche) je me suis présenté le vendredi, sachant que ça aurait fait deux ans le... lundi. On m'a donc refusé. Soit. Je reviens le lundi avec : Mon document de la magistrature avec la date officielle du début de mon séjour, ma carte d'identité (encore elle) et mon compte bancaire finlandais fraîchement ouvert. J'ai toutes les cartes en main.

Le vendeur, un simple vendeur de Saunalahti, me demande les documents de la magistrature et ma carte d'ID, qu'il scrute attentivement. Il vérifie sur son ordi et me dit "Je vais devoir demander à mon patron" et il disparaît pour environ 7 minutes avant de revenir et de me dire "est-ce que vous m'autorisez à faire un check-up de vos informations personnelles". Donc près de dix minutes avec son patron n'a pas clarifié les doutes et ils veulent quand même faire le check-up...

Oui  - Non

Et là vous vous dites que ce mec, ce vendeur anonyme, il va avoir accès à tous mes éventuels rapports de police, mes éventuels impayés, mes problèmes éventuels avec les impôts, ou n'importe quel organisme. En France, je dirai non. Clair et net. Seulement en Finlande, non seulement j'ai pas trop le choix, mais en plus... c’est normal. Même quand j'évoque le problème de la confidentialité et de la vie privée, ça ne choque personne parce que "personne n'abuse".

Où est le piège : C'est faux. Le fait que toutes vos informations privées sont potentiellement et légalement trouvables sur internet via les différents services finlandais peut, et a déjà été, utilisé à mauvais escient, bien que ce soit rare il faut le reconnaître. En mars 2013, alors que de grosses manifestations étudiantes réclamaient une révision des aides, justement (et ce genre de manifestation étant excessivement rare, on ne pouvait guère l'ignorer), le plus gros journal du pays, Helsingin Sanomat, a complètement ignoré l’événement alors que le plus gros quotidien suédophone de Finlande en faisait sa une pleine page. Complètement ? Pas tout à fait. De tous les courriers de jeunes révoltés ou désireux d'expliquer où était le problème, HS a décidé de publier un seul courrier, d'une fille appelée Aino Kopra, qui y expliquait "ne pas comprendre ces manifestations" et y livrait son point de vue. Problème : Aino a 18 ans, elle n'a encore aucune idée concrète de ce que la vie d'étudiant en fac peut être, d'autant qu'elle est de famille aisée. C'était maladroit de sa part, et malhonnête de la part du journal, mais continuons. 

Immédiatement, des meme ont fleuri sur internet ainsi que d'autres images et montages ou on retrouvait la photo d'Aino, ainsi que son capital, celui de ses parents, son adresse et la valeur de l'appart, et tout un tas d'informations personnelles relatives à combien d'argent elle possède ou a reçu récemment. Et pas besoin d'un hacker pour ça, si on sait où chercher, ces informations peuvent êtres obtenues tout à fait légalement.

Donc certes, en temps normal on n'en abuse pas, et cette transparence joue certainement dans leur taux de corruption excessivement bas, mais en venant d'Europe Centrale, je suis pas forcément à l'aise quand je dis "oui, allez-y". D'autant que bon, ai-je vraiment le choix ?

Règle n°6 : Apprenez à aimer les tickets de boucherie

Si vous n'êtes pas familier avec ces petits tickets numérotés ailleurs que dans la file d'attente de votre poissonnier au Super-U, sachez que les Finlandais, eux, adorent ce système. Il est partout. Vraiment, partout. Même dans certains magasins, pour passer à la caisse !

Le système a ses avantages, et ses inconvénients. L'avantage, c'est qu'on n'a pas besoin de rester garder sa place dans la queue. L'inconvénient c'est...

Où est le piège : ...que vous allez baisser votre garde et devenir trop confiant. Aller vous dégourdir les jambes cinq minutes, aller manger... Parce que vous avez remarqué qu'en trois heures le rythme n'a presque pas bougé. Sauf que cinq personnes avant vous vont remarquer la même chose, en même temps, et pendant que vous êtes parti acheter votre sandwich, eux aussi. Vous revenez, et le rythme s'est soudainement accéléré parce que six personnes n'ont pas répondu à l'appel du ticket. Vous venez d'attendre 3h30, vous pouvez reprendre un ticket.

Mon conseil : Même si vous allez à la police de l'immigration très tôt le matin avant l'ouverture, sachez que vous attendrez plusieurs heures. Les trois matins où je me suis présenté à Malmi, il n'y a toujours eu qu'un seul guichet ouvert pour l'UE, à raison d'un client toutes les 30 minutes... même quand le client est ressorti au bout de dix minutes en pestant parce qu'il n'a pas les bons documents. Je ne sais pas comment ni pourquoi, mais la blondasse policière du guichet UE, avec sa politesse de porte de prison et son sourire réservé à ceux qui parlent finnois, a besoin d'une pause de vingt minutes quand elle n'a pas traité un dossier. Mais je m'égare.

Comme vous allez attendre longtemps quoi qu'il arrive (à moins que vous n'ayez réussi à obtenir une heure donnée via le site internet de police, petits veinards), allez-y à deux. Déjà on se tient compagnie et ça passe plus vite, ensuite, qu'il y en ait toujours un dans les parages avec le tickets, et si possible, celui (ou celle) concerné(e) par la visite. Parce qu'on ne sait JAMAIS et que ce système est extrêmement vicieux, il vous met en confiance, et CRAC, ils vous retourne, pantalon baissé. D'autant que reprendre un ticket aux alentours de midi, c'est presque inutile, car vous allez probablement rester jusqu'à la fermeture et devoir "revenir demain", auquel cas vous ne recevez pas le premier ticket du lendemain, bien sûr, vous devez revenir très tôt. Donc même si ce système est censé éviter d'avoir à faire la queue en gardant sa place, soyez deux... et gardez votre place.

D'ailleurs j'aimerai conclure avec un exemple tiré de mon expérience avec la connasse madame du guichet UE, celle qui prend des pauses de vingt minutes après le deuxième client, client qu'elle a d'ailleurs remballé en dix minutes. Oui, celle-là. Dans le genre combo Règle n°1 + Règle n°6, elle est pas mal non-plus.

Je me pointe avec tous les documents demandés sur le formulaire qu'on m'a donné précédemment. Tout ce qui est mentionné noir sur blanc, je l'ai. Et là, elle me sort "Comme vous êtes étudiant il me faut une déclaration sur l'honneur que vos parents vous soutiennent financièrement en cas de problème" "Hum, si on me l'avait dit la dernière fois - ou mieux, écris sur ce formulaire - je vous aurais fourni ça tout de suite mais on ne me l'a pas demandé..." "Moi je vous le demande" "Mais mes parents vivent en France donc ça va prendre un certain temps..." "Non, mais c’est vous qui écrivez ça vous-même et signez, c'est juste pour la forme" "Oh, donc ça prend deux minutes, je prend un papier j'écris ça vite fais, je signe et c'est bon !" "Non, vous sortez, vous écrivez ça, et vous prenez un nouveau ticket.".


dimanche 20 octobre 2013

Conseils du jour quand on débarque en Finlande

On m'avait reproché, pendant mon SVE en Grèce, de ne pas y aller de mes descriptions sur la situation socio-économique dans le pays alors que bon, c'était 2010, et ça commençait à sérieusement chier des bulles à Athènes. J'ai pu évoquer les magasins vides, les manifestations constantes, le sang séché sur le trottoir du Parlement, mais j'en ai pas fait des patacaisses. Pour la simple et bonne raison que j'envisageais ce blog avant tout comme un album de voyage, pas un carnet de route ou un journal pour livrer mes états d'âmes. En plus, à l'époque en tout cas, en vivant au Péloponnèse, on n'était pas exposé à la violence athénienne. On voyait surtout que le pays s'enfonçait, on voyait les extrêmes ramper partout (tags révolutionnaires VS tags fascistes partout), mais bon, comme me l'avait dit ce Grec dans la grotte de Drongarati, à Céphalonie "Ici, c'est la Grèce", et on s'y faisait. Les grèves constantes avec les montagnes d'ordures partout, les bus qui venaient en avance, en retard, ou pas du tout, tout ça, c'était juste "la Grèce".

Je dois dire que même après ces reproches, j'ai essayé d'éviter de partir en grandes envolées sur les problèmes de la Grèce ou sur la Finlande. Et pourtant, j'ai été tenté plus d'une fois. Quand j'avais quelque chose à faire passer, je le faisais comme en Grèce, via des vidéos, histoire d'avoir des images. J'aimais l'idée d'immersion. Toutefois, il y a des endroits et des situations où on ne peut pas simplement sortir son appareil photo et dire :

"Dites, ça ne vous dérange pas si je filme toute l'absurdité de cette situation, c'est pour mon blog !"

(J'ai déjà dû négocier au Lidl de Lippulaiva, alors bon...)

Or, il était quand même grand temps que je me lance dans un petit résumé de certains trucs absurdes. Non seulement parce que ça va me soulager, peut-être vous faire rire, mais surtout, ça pourrait être utile à d'autres. Le sujet d'aujourd'hui :

L'administration en Finlande.

Avant toute chose et pour ceux qui ne me connaîtraient pas, permettez de bien rappeler que l'administration, je connais. J'ai vécu en France depuis l'âge de 7 ans, avec tout ce que ça implique de formulaires et autres demandes administratives. J'ai donc connu l'organisation démoniaque à l'origine de la Maison des Fous dans Astérix. J'ai plusieurs fois bossé comme vacataire à l'Université de Strasbourg, durant les inscriptions, j'ai donc connu la machine de l'intérieur en période de rush. Débarquant en Finlande, je me suis donc dit :

"Pas de souci, je maîtrise."

Oui, et bien j'ai réappris l'humilité.

Vous connaissez la blague que tous le monde sort quand on parle de l'administration "ah désolé monsieur je ne peux pas vous renseigner, je ne fais que travailler ici." Elle est drôle parce qu'elle est exagérée, qu'elle ironise sur un trait bien présent mais néanmoins présenté dans l'excès pour les besoin de la plaisanterie.

C’est beaucoup moins drôle quand un employé vous le dit les yeux dans les yeux, même en paraphrasant légèrement.

Donc Règle n°1 : Ne comptez pas sur une personne derrière un guichet pour vous renseigner. Même si c'est le guichet "Information".

Exemple : Fraîchement débarqué en Finlande, je me rend à la mairie de Helsinki pour avoir les infos sur toutes les procédures à suivre pour me déclarer, savoir exactement dans quel poste de police me rendre, etc. Réponse "Rendez-vous à la police de l'immigration à Malmi, mais allez-y tôt parce que y a du monde. Voici les horaires d'ouverture." Très bien, brave homme, et merci du renseignement. Je m'y rends donc dès le lendemain avant l'ouverture. Il y a déjà une queue énorme et je vais attendre plusieurs heures, nous y reviendront en détails.

Où est le piège : Sur le site de la police (normale hein, pas spécifiquement de l'immigration), il y a un formulaire pour réserver une heure de rendez-vous et éviter le ticket d'attente, comme à la boucherie. On ne vous le dira pas, sauf si vous connaissez un ami, qui le connaît déjà. D'ailleurs, une camarade de classe a écris un mail au bureau d'information de la police pour savoir comment prendre ce rendez-vous. Réponse : "Le formulaire se trouve sur le site de la police" et un lien vers... la page principale du site de la police. Pas la page de formulaire, non non, la page d'accueil. Anecdote amusante, lorsque je m'y suis rendu moi-même à l'époque, je pouvais sélectionner mon horaire et ma date, puis j'étais invité à cliquer sur le bouton "réserver"... qui n'existait pas ! Enfin, pas sur la page en anglais... Ada jette un œil sur la version finnoise et - oh ! - le bouton y est. Quand j'ai évoqué la question à la personne qui s’est occupée de moi, on m'a dit "oh, c'est rien, ça doit être un bogue.". Vous voilà prévenus.

Souvent, quand vous aurez passé une étape, on vous annoncera, façon Astérix, comment procéder à la suivante alors qu'à aucun moment on vous aura mentionné qu'il y a une autre étape nécessitant d'éventuels documents additionnels. Et si vous demandez "Y a-t-il encore une autre étape après cette nouvelle étape ?" on vous répondra "Je ne sais pas, il faudra demander à la personne que vous verrez après moi". Donc mon conseil, n'oubliez JAMAIS de demander à chaque nouvelle personne ce qui vient après elle, ça peut vous faire gagner du temps.

Règle n°2 : Tapez du poing si nécessaire.

Je sais ce que vous vous dites : Je débarque, j'ai choisi de venir, c'est un peu gonflé de taper du poing sur le guichet pour obtenir ce que je veux. Sauf que...

Exemple 1 : J'ai deux nationalités, certes, mais seulement des papiers Français. Quand bien même j'aurais des papiers Allemands, le fait est : je suis un Euro-citoyen. Lorsque je voyage dans l'Espace Schengen, je n’ai pas besoin de passeport, ma carte d'identité suffit. Merveilleux, non ? Ceci me donne également le droit de rester trois mois sur le territoire d'un État Membre sans me déclarer, au delà, et bien je suis résident en Finlande. 

Où est le piège : Donc je me présente à la police, je fais mes démarches quand soudain : "Présentez votre assurance". Ma réponse "Je suis citoyen de l'UE, je n'ai pas besoin de présenter ce genre de document, donc je n'en ai pas avec moi." "Revenez avec un de ces documents." "Mon assurance étudiante me couvre jusqu'en décembre, mais avant qu'elle n'expire je compte souscrire en Finlande (puisque je ne serai plus étudiant en France, pour rappel je ne suis pas en échange)" "Ah non, il vous faut une assurance valide, ça ne compte pas. " "Non, mais je suis citoyen de l'UE, je n'ai pas besoin de montrer mon assurance, car je suis couvert par ma Sécu quoi qu'il arrive, en France, déjà entendu parler de la Sécurité Sociale Française ?" "Je ne peux pas vous accepter, signez ce document que je n'ai qu’en finnois et revenez plus tard". Pas le choix, je signe et rentre chez moi après plusieurs heures d'attente. Ada me traduit le document qui dit en substance "Vous avez deux semaines pour fournir le document en question, sinon votre demande est rejetée".

WTF ? Donc je dois fournir une assurance valide pour toute la durée de mon séjour, soit 3,5 ans minimum, annoncé 5 ans sur le papier. En France, mon assureur m'avait dit "Vous vivrez en Finlande, il faut vous assurez en Finlande", en Finlande, on me disait "On ne peut pas vous assurer si vous n'avez pas un numéro de résident". Et la police me dit "Pas d'assurance, pas de numéro de résident." Padam tschi !

Après avoir été tourné en bourrique et perdu trois jours dans leurs salles d'attente, j'en ai eu plein le cul. J'ai fini, je l'avoue non sans une pointe de honte, j'ai engueulé la pauvre policière comme du poisson pourri, en lui disant que si elle avait besoin d'aide pour localiser la France sur une carte de l'Union Européenne afin de la faire respecter mes droits, j'en serai plus que ravi, et qu'on était un peu à l'origine de cette fameuse Union Européenne, et que puisque la Finlande avait signé, je n'avais pas besoin de ce putain de document. En substance. Elle était mi gênée, mi agacée, elle est partie presque 10 minutes parler à quelqu'un dans le bureau du fond, et lorsqu'elle est revenue, ô miracle, tout sourire, "Vous n'avez pas besoin d'une déclaration d'assurance, voilà votre papier tamponné, allez donner ça à la Magistrature, voici un papier avec l'adresse exacte, et encore pardon du dérangement". Trois jours de politesse (et encore, pas consécutif et je ne prend en compte que cette étape là, et j'exclus les innombrables coups de téléphones), pour un résultat néant. Une minute trente de poing sur le guichet, j'ai mon papier. Et j'ai appris à mes dépend que malheureusement, tout marchait comme ça.

Exemple 2 : En temps que citoyen de l'UE, j'ai supposément les mêmes droits qu'un Finlandais, y compris ouvrir un compte bancaire et souscrire à une assurance. Néanmoins, attention citoyens français. Vous avez pris l'avion avec votre carte d'identité en plastique thermosoudée, vous avez obtenu votre numéro de résident auprès de la police et de la magistrature avec votre carte d'identité en plastique thermosoudée. Pourquoi ? Parce que votre carte d'identité, dans l'Espace Schengen, fait également office de passeport.

Où est le piège : Malheureusement, citoyen français, la carte d'identité que te donne ton beau pays, elle ressemble quand même beaucoup à un jouet. On dirait tellement que tu l'as faite toi-même avec la machine à plastifier de ton bureau que presque chaque fois que tu la sors, on te demande "vous n'avez rien d'autre ?". Et là où ça devient gênant, c'est qu'on va même te refuser ta carte, citoyen français. Oui. On va te demander ta carte d’identité française "européenne", celle avec le drapeau de l'UE est une puce, comme celle adoptée par tous les autres Etats Membres. Mais pas la France. Et ils vont te jurer que tu dois au moins avoir la carte à puce, même quand toi tu auras appelé ta noble ambassade qui t'auras confirmé que non, cette carte d'identité à puce n'existe pas pour la France. C’est la thermosoudée merdique ou le passeport biométrique, fais ton choix, citoyen.

Solutions : Deux choix s'offrent alors à vous (oui, j'arrête avec le citoyen) : Payer 89€ pour un passeport français - car un passeport, ça, c'est accepté partout et par tout le monde - soit... et bien taper du poing sur la table ! Comme ce français qui, avant moi, s'était fait refuser sa carte chez la banque Nordea. Et il a gagné. D'ailleurs, lisez ce second article, il contient un autre élément de surprise à la fin, j'y reviendrais. Bref, c'est l'option que je me suis résigné à prendre. Et lorsque, une fois de plus, Nordea s'apprêtait à m'envoyer balader, j'ai menacé de porter plainte. J'ai réclamer un document signé par la responsable de l'officine où je me trouvais qui prenait la responsabilité personnelle de refuser ma carte d'identité.

Et là, surprise, on peut s'arranger. Je découvre que si je suis détenteur de la carte de résident étranger en Finlande, c'est valide ! Seulement elle coûte 53 € auprès de la police (moins cher que le passeport, mais quand même). La directrice de ce bureau me propose de me payer cette carte, il lui faut seulement un numéro de compte où transférer la somme pour "m'aider dans mes démarches et faire de moi un client heureux". Oui, la banque achète ma tempérance avec une carte de résident. Cela dit, j'ai alors commis une erreur grossière pour la suite de mes démarches.

J'ai été honnête.

J'ai accepté le marché s'il n'y avait aucune solution pour faire respecter mon droit, parce que au bout d'un moment, j'en avais besoin de mon compte bancaire. Et quand le lendemain la personne m'a appelé pour confirmer qu'après vérification, ils pouvaient accepter ma carte d'identité, j'ai préféré la jouer fair-play et ne pas me faire payer ma carte de résident puisque ma carte d'identité était accepté dans le cadre des lois européennes.

Hahahaha......ha...

Bref, je me représente à la banque avec ma carte, on m'inscrit et on me dit "vos droits bancaires en ligne seront débloqués après trois mois de probation, pour voir si vous gérez bien votre argent". Soit, c’est chiant, je dois vérifier combien il me reste au distributeur de billet, mais ce ne sont que trois mois après tout. Sauf que c'est faux. Trois mois après, changement de son de cloche, si je veux obtenir mes droits en ligne, il me faut une carte finlandaise - identité ou résident. C'est la loi ! Et là je vous renvoie au second article que j'ai mentionné plus haut sur le cas de ce français refusé par Nordea : On me traite comme un ressortissant apatride ! "Cela dépend des banques". Sans déconner. Et si j'avais accepté de me faire payer ma carte par la banque au lieu d'être honnête, j'aurais pas eu ce problème. Moralité : J'aurais du profiter du système et prendre le passe-droit. Bravo !

Donc mon conseil si vous venez en Finlande pour une longue durée : Dès le départ, jouez-la sûre et ne comptez pas sur vos droits européens en matière d'identité. C'est malheureux, mais la carte d'identité française sera un boulet dans toutes vos démarches, donc le passeport, ou encore mieux et moins cher, la carte de résident.

C'est d'autant plus important que, par exemple, avec mes droits en ligne limités, je ne peux pas facilement gérer mon compte aux impôts (les Finlandais rattachent et connectent tous leurs comptes et services, c'est Google au niveau administratif, avec ses avantages de facilité et de simplicité d'utilisation... et ses inconvénients quand on est pas complètement dans le système) et acheter sur des sites en ligne, par exemple, je peux seulement payer mes factures. Si vous voulez vivre en Finlande pour un moment, vous comprendrez que c'est assez pénible comme situation.

Incroyable mais vrai : Lorsque j'ai défendu ma carte d’identité française comme étant mon passeport au sein de l'UE, on m'a répondu très sérieusement, et dans deux établissements différents "Pour voyager, peut-être, mais pas pour ouvrir un compte."

Règle n°3 : Ne pensez pas en ligne droite.

Exemple : La législation finlandaise est telle que, en théorie comme on l'a vu, vous pouvez, muni d'un numéro de résident donné par la magistrature et d'une carte d'identité valide, ouvrir un compte bancaire ou souscrire à un assurance.

Où est le piège : Pour les assurances, il vous faut une carte finlandaise - identité ou résident, ou permis de conduire finlandais apparemment, sans certitude - qui donne votre numéro de résident ET votre identité. Oui, si vous avez le papier signé et tamponné de la magistrature accompagné d'une carte d'identité, c'est invalide. Et là, même une belle carte à puce allemande ne fera pas l'affaire : pour une assurance finlandaise, il faut une carte finlandaise.

Solution : Souscrire à votre assurance... par téléphone. Je ne plaisante pas, il s'agit alors d'une simple formalité. D'ailleurs, pour illustrer l'absurdité totale de cette situation, il suffit de vous raconter comment s'est passé la fin de mon ouverture de compte bancaire.

Après avoir ouvert mon compte bancaire chez Nordea, la dame qui m'a enregistré et fait signer les papiers me dit que, puisque j'étais intéressé par une assurance, je pouvais souscrire chez Nordea, qui font des assurances aussi. Mais elle m'explique également qu'elle n'a pas le droit de le faire elle-même parce que mes papiers sont invalides, en revanche, elle me propose d'envoyer un message à un de ses collègues du service des assurances, là, sur le champ, pour m'appeler sur mon portable, maintenant ou plus tard, comme je le souhaite, pour régler tout ça au bout du fil. Parce que là, je devrais simplement lui donner mon numéro de résident et mon nom...

Et oui.


Bon, je me rend compte qu'il reste beaucoup à dire, ce sera pour un prochain article :-)

Et on ne me reprochera plus de faire simplement VisitFinland.com !

dimanche 30 juin 2013

Promenade dans le vieux Tallinn...


Voici un petit diaporama musical avec des photos de Tallinn, capitale de l'Estonie. Tout d'abord des photos de ce printemps puis quelques clichés pris en hiver il y a déjà deux ans... Wow, comme le temps file ! 

L'avantage de Tallinn pour qui visite Helsinki c'est que le ferry vous y amène rapidement tous les jours, permettant de belles ballades dans cette ancienne citée médiévale de la Hanse - dont les remparts circulaires sont toujours debout et fort classes. Les vieux bâtiments du moyen-âge et les ruelles façon vieux Strasbourg, vous n'en trouverez pas à Helsinki - la ville est trop récente, ce qui en fait un bel endroit à ajouter aux promenades finlandaises. En plus, Union Européenne oblige, vous voyagerez en Estonie sans même avoir besoin d'un passeport ni de changer de monnaie. Aucune prise de tête (si un jour je fais l'aller-retour vers Saint-Pétersbourg en train on reparlera des joies des frontières) et une superbe ville, qui n'est pas trop grande non plus. On peut bien faire le tour et profiter sans courir à gauche à droite. On y mange aussi très bien !

Les Ferry sont aussi tax-free, donc c'est le moment d'acheter le pinard, astuce que les Finlandais mettent constamment à profit ! Beaucoup ne descendent même plus à Tallinn, restent sur le ferry et font la fête, achètent des litres et des litres d'alcool bien moins cher qu'à Alko (La ligne de magasin d'Etat seul autorisée à vendre les alcools forts en Finlande... à un prix plus proche de l'escroquerie que de la prévention sanitaire) et redescendent du bateau à Helsinki le diable chargé, voire attendus par un ami/collègue/membre de la famille, le coffre de la camionnette grand ouvert...

Et c'est légal !

Mais c'est dommage, la ville vaut le coup d’œil... Quant à la musique utilisée c'est Metsatöll, ils sont estoniens et chantent en estonien, ça vous donne une idée de la langue (assez proche du finnois).

lundi 24 juin 2013

Solstice au Mökki !

Cette année j'ai donc pu partir au Mökki pour le Solstice d’Été aka Juhannus/Midsommar. Ada et moi avons donc pris le bus de Helsinki jusqu'à Kotka, sommes descendus au milieu de la pampa pour faire quelques courses dans le supermarché perdu au milieu de nulle part (semble-t-il) et prendre un taxi - lequel taxi a eu du mal à trouver son chemin dans le dédale de chemins forestiers pour nous mener jusqu'au Mökki. Les fois précédentes je me suis toujours ébaudis devant le talent des chauffeurs qui, sans GPS, trouvaient les "adresses" au beau milieu des bois en ne suivant que les rares et peu précis panneaux pratiquement cachés par la végétation et rongés par le lychen. Celui-ci les a rammenés au statut de simples mortels en se perdant malgré les instructions d'Ada... Néanmoins nous arrivons mercredi après-midi par un grand et chaud soleil qui promet un superbe week-end prolongé...  Au programme annoncé : détente, sauna, baignade et grillades. Nous n'avons pour seule compagnie que la grand-mère d'Ada, pas de grosse réunion de famille cette année, pépère donc. Toutefois, on m'a glissé à la dérobée qu'il avait fallu tomber deux arbres et qu'il serait bien que ce bois soit coupé pour sécher, et je me suis engagé à le faire.

Première surprise, le père d'Ada en a déjà fait un bon tiers (au vu du bois coupé qui s'épand autour du billot), et je me dis que ça devrait donc aller vite. Hahahaha...ha... Ô joie quand la hache s'enfonce dans le bois bien juteux sans provoquer la moindre fêlure, que même les coins s'y enfoncent sans effet et qu'il faut attaquer la bûche par la tranche pour libérer le coin et finir par la fendre ! Bref, ça change du bois sec que j'ai parfois coupé à la maison... D'ailleurs, j'ai failli entrer dans la grande tradition familiale quand une des souches a soudainement cédé d'un coup après de nombreuses et infortunées tentatives et que la hache a continué son chemin vers mon pied. Pas de panique maman, mon pied n'a rien, hein, sinon je ne raconterai probablement pas l'anecdote sur une note aussi guillerette. Par contre bien tranchante tout même, la hache qui, bien que ralentie par l'impact avec la souche et la tentative de contrôler ma force après coup, a quand même tranché toutes les couches de la botte et entamé mon jean. Mais pas ma chaussette ! J'ai eu de la chance, et ça ne m'a pas empêché de finir de couper les deux autres tiers puis, avec Ada, de les empiler pour sécher.

Ma besogne. Et le fameux Pourfendeur de Botte.
Deuxième bonne surprise, il a été décidé que malgré l'absence du père d'Ada un kokko serait bâti quoi qu'il en soit. Le kokko c'est le bûcher du solstice, dont la taille varie beaucoup selon qu'on soit prêt à le veiller deux ou cinq heures (ou plus :-p ). C'est l'occasion de nettoyer la forêt du bois mort et sec et de se débarrasser des déchets incinérables (bois, carton, papier..... pneus, aussi, pour certains...), ce que nous avons fait en dégageant un peu la partie des bois qui dépend du mökki. Beaucoup de conifères donc. (Une vidéo suivra)
"Moi moi" de Ada !
On l'a construit le jeudi près de la berge sur un rocher, non loin d'un banc pour pouvoir s'asseoir et en profiter. Le temps était alors gris et couvert, avec quelques averses, et j'ai eu un peu peur que ça ne se dégrade pour le lendemain...


 Mais heureusement il n'en fut rien. Le beau temps est revenu pour le 21, très chaud. Du coup on a pu profiter du barbecue (parce que oui, griller des saucisses avant d'aller au sauna et d'allumer le kokko c'est une tradition la veille de Juhannus, c'est à dire le jour avant la plus courte nuit de l'année, bien que Juhannus soit en fait le jour d'après), du sauna, et de la mer :) Finalement, on aura aussi eu la visite surprise de la tante d'Ada (avec mari en enfant), on mange encore un petit bout, tout le monde fait son tour au sauna et on s'est dirigé vers le kokko, que j'ai eu l'honneur d'allumer et surveiller (d'où le long râteau, pour ramener dans le feu d'éventuelles braises fuyantes). Gloire au design franco-allemand qui non-seulement a bien tenu jusqu'à l'allumage et tout, mais s'est aussi consumé en se tassant progressivement et verticalement sans problème... pas comme les voisins qu'on a bien entendus (l'eau, ça porte...) quand le leur s'est un peu ramassé... Cela dit la forêt n'a pas brûlé, c'est qu'ils ont rectifié le tir assez vite ^^

Mon premier kokko. Pas de marshmallows.


Notre kokko bien construit qui a brûlé comme il fallait et dans le fond le kokko dit "de Pise".

L'obscurité a fini par poindre (et je dis obscurité parce qu'il n'a fait "nuit" qu'entre 1h et 2h du matin), nous offrant la vue d'une lune énorme et presque pleine. Superbe dans le ciel entre le poupre et le violet. Plus tard la lune avait une magnifique couleur or mais mon appareil photo a déclaré forfait par floutage.



 Le reste du séjour - samedi et dimanche - fut dédié au repos essentiellement, sauna tous les jours (parce que bon, un vrai sauna au feu de bois j'ai pas l'occasion tous les jours !), baignade parfois, aller chercher de l'eau potable - ça fait toujours une sympathique ballade en barque...

"Visitez la Finlande !" Je devrai me faire payer pour ce blog par l'office du tourisme, tiens !

 Je n'avais pas eu de vraies vacances depuis Noël et ça a fait du bien après un stage assez inutile sur la fin fatiguant de pouvoir se relaxer au milieu de la forêt.

Le fameux sauna où j'aurai passé pas mal de bon temps.
Et la mer juste à côté, même si l'eau est si peu salée qu'on croirait un lac.
Voilà quelques images en attendant une petite vidéo sur le sujet ! J'espère que vous avez passé un bon Solstice vous aussi :)

Hyvää Juhannusta !
 (Ce toast de Solstice a été sponsorisé par la fameuse Bamberger Rauchbier, bien sûr !)

dimanche 16 juin 2013

Le Vasa, navire amiral de la flotte suédoise... sur 2 km.

Lors de notre Blitz-visite à Stockholm avec Ada nous nous sommes rendus au Musée de Vasa, un musée dédié au navire éponyme qui fut construit sous le règne de Gustave-Adolphe pour devenir le navire amiral de sa flotte de guerre, Guerre de Trente Ans oblige.


Comme je ne peux pas mettre d'image parce que que mon hébergement gratuit de photos sur blogger touche à sa fin, j'ai fait une petite vidéo pour donner une idée de ce chef-d’œuvre d'architecture navale (EDIT : depuis le problème de la limite de stockage photo a disparu, donc j'ai ajouté quelques photos plus bas) . Pourquoi en anglais ? Parce que cette vidéo est également destinée à mes amis Finlandais pour qui le Vasa est surtout synonyme de grosse poilade...

En effet, le Roi de Suède ayant exigé une rangée de canons supplémentaire, le navire était trop lourd et les ballastes insuffisantes. Les ingénieurs, peu désireux de contredire leur souverain, n'ont pas moufté malgré les failles structurelles apparentes et le voyage inaugural eut bien lieu à date prévu le 10 août 1628, sans amélioration ou correction nécessaire. 

Après deux kilomètres de navigation hors de la rade de Stockholm, le navire rencontre un vent "un peu plus fort qu'une brise" et dû à son manque de stabilité, tangue. Les trappes des canons sont trop près de la ligne de flottaison, bientôt le Vasa prend l'eau. Et coule.

Le joyau militaire de Gustave-Adolphe sombre après deux kilomètres, 30 à 50 personnes périssent.

Mais la blague ne s'arrête pas là pour les Finlandais puisqu'en 1961 le navire fut renfloué. Jusque là sous la bonne et vigilante garde de la Marine Suédoise pour éviter pillages et déteriorations, le vaisseau fut sorti de l'eau sous les yeux fiers et ébahis des Suédois qui eurent pourtant la curieuse suprise de découvrir...

...la reproduction de la statue de Paavo Nurmi, coureur olympique Finlandais que les étudiants facétieux de l'Université Technique d'Helsinki (coutumiers de ce genre de blagues) avaient placé sur le pont au nez et à la barbe de la surveillance suédoise. De toutes les "blagues" de l'UTH celle-ci est la plus spectaculaire et la plus célèbre, non seulement pour la performance technique, mais surtout parce qu'ils avaient réussi à bien troller la Suède, comme tout Finlandais se doit de faire :-)

Blague à part, le Vasa est vraiment magnifique. Son état de conservation est exceptionnel. Le musée est construit autour de l'épave, avec plusieurs niveaux en balcons permettant d'observer le navire sous tous les angles. On peut voir chaque rivet, chaque sculpture, et le tout est tellement massif qu'on ne peut qu'être impressionné. C'est un magnifique vaisseau dont on peut regretter le naufrage mais en y réfléchissant bien, il aura ainsi tué "seulement" jusqu'à 50 personnes, donc on peut l'admirer sans trop d'arrière-pensées (alors que bon, un navire de guerre ou un bombardier dans un musée, en général.... le kill count est quand même plus haut que ça). Mais avoir coulé sans combat aura également permis au Vasa de se retrouver dans un état de conservation à nulle autre pareille. Pas de dégâts par boulets de canons, pas d'incendies, rien. Cela nous aura donc offert un superbe musée, rien que pour ça, merci Gustave-Adolphe !

Bon comme souvent, l'éclairage est pas top pour prendre des photos sans flash, surtout avec un vieil appareil comme c'était le cas. Faudrait que j'y retourne avec mon nouvel appareil, ou mieux encore, avec le téléphone de ma compagne. (Sans déconner, j'ai un petit modèle censé être super bien et tout, et son téléphone prend de meilleures photos en faible luminosité. SON TÉLÉPHONE !). Bref, tout ça pour m'excuser du manque de qualité des photos, souvent floues et pleines de bruit. Mais ça vous donnera une idée générale de l'endroit et, j'espère, l'envie d'aller voir le Vasa de vos propres yeux. Le musée est situé sur une île au centre-ville, facile d'accès avec un petit ferry, proche des autres musées (genre le musée historique), parfait pour un combo culturel si vous n'avez pas beaucoup de temps pour visiter la ville.

Quelques photos utilisées (ou pas) dans la vidéo, pour ceux qui veulent avoir une idée sans avoir à regarder mon montage amateur :










Petite photo souvenir face à ce majestueux souvenir d'un des épisodes les plus humiliants de l'Histoire de Suède. En même temps, ils ont ravagé une partie de l'Europe, fallait bien que ça se paye. Le karma... ^^