Ça y est, enfin, les Météores. J'ai fait près de 400 kilomètres pour voir cet endroit, sans compter le petit détour par Céphalonie. Le but de mon voyage, le lieu qui m'avait tant attiré et fasciné dès que j'en avais entendu parler... Est-ce que la visite fut à la hauteur des espérances ?
Oh, que oui. Et plus encore.
Je suis descendu du bus par une chaleur déjà à peine tolérable, alors que nous n'étions que le matin, et je me préparais à une journée placée sous les auspices de la sueur et de la soif. Mais qu'importait, je marchais sur le petit parking dans les hauteurs des Météores, et à mes yeux s'offraient un paysage absolument superbe, qui en plus était loin des clichés grecs dont je commençais à me lasser. Devant moi, j'avais ceci :
Un des monastères des Météores, perché sur sa falaise. |
En fait, il aurait fallu faire une vidéo et un panorama pour bien rendre la beauté et l'immensité de ce massif étrange. Les montagnes aux formes étranges causées par l'érosion accueillent plusieurs monastères orthodoxes bâties sur les corniches les plus improbables et aux sommets de ces colonnes immenses auxquels on n'accède par des escaliers étroits et sinueux ou des ascenseurs en bois (bon, ceux-là ne sont plus vraiment utilisés, hein). Ainsi, ces lieux sacrés ont été longtemps protégés des différentes invasions, notamment ottomanes. Leur localisation extrême explique ce nom de Meteora, soit "suspendu dans le ciel".
Même si j'aime à penser qu'on les appellent Météores parce que ces montagnes sont en fait des météorites écrasées en Grèce et recelant quelque antique secret expliquant la construction de ces monastères atypiques... Mais c'est une interprétation toute personnelle, hein.
Je me met en marche et après une passerelle de pierre je je me dirige vers mon premier monastère de la journée : Le Grand Météore.
Le monastère du Grand Météore, datant du XVIème siècle et juché à 534 mètres d'altitude, ma première visite. |
La visite fut une belle surprise, car je m'attendais à un endroit entièrement transformé en lieu touristique, mais en fait les monastères sont encore activement habités par des moines, et certaines parties avaient un accès restreint et des horaires spécifiques, pour laisser les religieux en paix. De plus, le côté musée ne se contentait pas de présenter l'endroit lui-même mais avait aussi des détails sur l'Histoire de la Grèce, des costumes traditionnels, bref, un vrai petit musée généraliste sur le pays et des explications sur l'histoire du site. Une bonne surprise, donc.
Dommage que la partie musée souffre autant du manque de recul des Grecs sur leur propre Histoire et de leur tendance à oublier un peu vite les choses qui ne rentrent pas dans l'image de la Grèce glorieuse et éternelle, comme j'en parlais dans ce billet (le tableau dont je parle dans l'article est justement exposé dans ce musée). Après, les tableaux patriotiques sont marrants cinq minutes, mais l'accumulation devient vite pesante, surtout quand le musée passe tout son temps à raconter comment les Grecs se sont débarrassés des Turcs et ont tenu tête aux Italiens - tout seuls, comme des grands, en plus. J'adore par exemple le tableau où une troupe de
soldats grecs met en déroute une escouade turque, qui s'enfuit à
toutes jambes en laissant derrière elle un monceau de cadavres, derrière
lequel se cache un Turc chafouin et traître qui, de son petit pistolet,
abat sans honneur l'un des braves combattant de la liberté hellène. Le
tout sous les yeux de la Vierge Marie que les nuages lumineux laissent
apparaître, portant la bannière grecque dans ses saints bras :
Heureusement le monastère a bien plus à offrir que de la propagande mal dégrossie.
Déjà, la vue. Imprenable depuis les hauteurs, elle permet de profiter des canyons et d’apercevoir les autres monastères au loin.
Déjà, la vue. Imprenable depuis les hauteurs, elle permet de profiter des canyons et d’apercevoir les autres monastères au loin.
On me pardonnera la luminosité, mais on comprendra que j'avais pas vraiment le choix de mon angle de prise de vue, hein. |
On dirait presque un petit village de montagne... |
Un des jardins des moines... Adorable. |
Mais j'avais bien l'intention de visiter plusieurs monastères, donc je me suis mis en route. J'ai redescendu l'escalier étroit pour rejoindre l'autre côté du gouffre et longer la route en direction du monastère de Varlaam. J'achetai une bouteille d'eau au petit kiosque sur le parking et m'engageai sur la route, vu qu'aucun sentier ne semble s'y rendre, et je me demande si les gens qui conduisent se rendent compte qu'à part marcher sur le muret ou dans le fossé je ne peux pas serrer ma droite mieux que ça... Faut dire que plus on s'approche de 11h, plus les bus et les voitures s'accumulent, on sent venir l'heure de pointe des visites organisées et des touristes mobiles.
Varlaam, juché sur son piédestal de roche. |
Même sans défis architecturaux, le site est tout simplement magnifique. |
Varlaam. |
Je ne ferai pas un rapport pour chaque monastère, ce serait assez redondant, et pour être honnête, inutile de visiter chacun d'entre eux, sauf peut-être pour les différents angles qu'ils offrent sur ces vallées et ces canyons tourmentés. En soit, ils sont tous à peu près similaires, mais je recommande le Grand Météore pour son côté synthétique et son musée (et c'est le plus grand ainsi que le plus vieux de ce regroupement monastique), ainsi que le couvent Agios Nikolaos, qui est plus intimiste. Pour illustrer l'intérêt du changement d'angle, prenons justement Agios Nikolaos, qui il faut bien l'avouer est extrêmement photogénique. La photo précédente, prise sur le chemin, offre ce côté encastré dans les montagnes, isolé de tout (on ne voit pas la route etc.) Mais vu depuis les terrasses de Varlaam, le couvent semble dominer une vaste forêt, et offre une grisante impression d'espace :
Chaque accès aux différents monastères offre des vue plongeante incroyables, par escaliers, ponts et passerelles ou tunnels. Ça aussi ça peut valoir le coup de faire plus d'une visite. |
Donc encore une fois, si vous avez le vertige, évitez certaines terrasses. |
Certaines formations donnent vraiment l'illusion d'un autre monde... |
C'est seulement une fois dans l'enceinte du couvent qu'on découvre, à l'abri des hauts murs, ce petit jardin secret. L'accès est réservé aux nonnes. |
Agios Nikolaos étant situé plus bas que les autres, l'endroit offre de belles contre-plongées... |
Finalement, j'ai dû remonter la route pour reprendre la navette. J'avais prévu de rentrer à pieds par le sentiers mais j'étais bien plus fatigué que je ne pensais, et j'avais très soif aussi, prudence étant mère de sûreté, j'ai changé de plan. Et ce fut une bonne chose, puisqu'en remontant j'ai croisé le Porto-Ricain que j'avais rencontré la veille, avec qui j'ai pu papoter de nouveau et prendre le bus pour retourner à Kalambaka. Ça m'a redonné de l'énergie après une journée assez crevante, et on est allé encore boire un coup en ville avant de se dire adieu. Car je ne restais pas.
J'aurais pu prendre une nuit de plus à l'hôtel mais un train partait de Kalambaka encore dans les temps, et allait traverser toute la Grèce continentale du Nord au Sud pour rejoindre Athènes, autant dire que j'avais largement le temps de dormir dans le wagon. Du coup j’ai mangé un morceau vite fait et me suis installé sur un banc de la gare, attendant de quitter cet endroit superbe et m'en retourner à Xylokastro...
Et c'est justement sur ce banc que j'ai fait l'une de ces étranges rencontres, en l’occurrence une femme grecque francophile... et totalement germanophobe. Je vous raconterai ça dans mon dernier article sur ce road-trip :-p
Les Météores fin décembre. Y a moins de trafic, hein ? |
Alors que retenir de Meteora ? C'est le plus bel endroit que j'ai visité en Grèce. Je suis tombé sous le charme et c'est bien un endroit que j'espère revoir un jour. En fait, j'y suis déjà retourné six mois après, quand j'ai rendu visite à Ada qui finissait son SVE en décembre. Elle avait également deux amies finlandaises venues passer nouvel an avec elle, et nous sommes tous les quatre parti visiter les Météores entre Noël et Nouvel An. Les températures étaient bien moins oppressantes, nos respirations se condensaient en larges volutes, c'était une expérience complètement différente. Comme elles voulaient visiter un endroit spécial et avaient déjà vu Athènes, j'avais chaudement recommandé les Météores, et personne n'a été déçu du voyage. Le paysage est grandiose, et les monastères sont ingénieux et changent des monuments habituels qu'on voit partout dans le pays. Alors oui, même s'il n'y a pas grand chose d'autre dans les environs, si vous êtes en Grèce, faites ce petit détour, il le mérite amplement.
Magnifique et entrainant, comme d'habitude.
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