vendredi 22 août 2014

Le Road-Trip islandais : Départ et côte sud-ouest

C'était mon dernier jour de stage, un jeudi. Le matin j'ai eu droit à un gâteau d'adieu et à un bel au-revoir de la part du staff et des résidents, moment d'émotion après trois mois passés ensemble. On m'a même remis quelques cadeaux, productions maison provenant de différents ateliers créatifs de l’organisation, bref, je suis gâté et ému. L'après-midi j'accompagne un groupe pour ma dernière activité avec eux : Une visite de Harpa. A peine repartent-ils qu'on me prend en voiture pour une visite promise depuis des mois, à savoir un centre équestre avec des chevaux islandais, géré par une collègue d'Amelie (l'autre étudiante de ma fac venue en stage en même temps que moi). D'ailleurs, Amelie est déjà sur place avec une amie à elle venue lui rendre visite et on aura droit de faire un petit peu d'exercice avec les chevaux. 

Awesome-hair-day, man ! (Merci à Amelie pour la photo)
Alors il faut savoir que j'avais pas mis mon cul sur un cheval depuis... pour dire, je vivais encore en Allemagne ! A l'époque, Popeye le Poney, cet enfoiré, m'avait éjecté dans la sciure, sans pitié, et j'avais à l'époque envoyé bouler le centre équestre pour ne plus y revenir. En même temps, apprendre l'équitation à un petit garçon en le mettant, pour sa première leçon, sur le poney qui a la réputation d'être un gros connard vicieux et agressif, hein, bravo les mecs, c'est comme ça qu'on fidélise le client ! Donc, autant dire qu'en me préparant à monter sur ce cheval islandais, je me souvenais soudain du goût de la sciure sale et de l'irritation de mes yeux. Je caresse l'animal, je le met en confiance, moi aussi par la même occasion, ne nous mentons pas. On me donne un casque - assorti à ma veste pour conserver l'élégance du marron kaki que vous m'enviez tous ! - et c'est parti.

Bah ça s’est bien passé. Je sais que beaucoup d'entre vous espéraient une chute ou un truc sur lequel se marrer, mais non. Il faut savoir que cette race est connue pour être extrêmement facile à monter, notamment parce qu'elle garde le dos bien droit à n'importe quelle allure. Ainsi, même un débutant ne risque pas (trop) de se faire désarçonner par des hauts et des bas trop violents. En gros, n'importe quel kéké peut avoir soudain l'impression de savoir monter à cheval, même si c'est pas vrai. C’est pour ça qu'il est très facile de louer un cheval pour faire des ballades en Islande : Ils sont dressés pour des parcours spécifiques et n'ont pas besoin des cavaliers, il suffit de rester assis dessus et de profiter de ce sentiment grisant d'être un gros badass en chantant : "He will riiiide accross land and tiiiime, to find an end to this endless niiiiiiight !".

Cela dit, mon cheval était un peu un crevard parce qu'il doublait systématiquement les autres chevaux, ne supportant pas d'être derrière, et ce, même s'il fallait défoncer mon genou contre la barrière pour parvenir à ses fins. Sauf que mon genou, j'allais en avoir besoin puisque le soir-même je partais pour mon road-trip. Là je me suis dit que ma poisse légendaire venait de frapper et que j'allais devoir reconsidérer mon trajet et tout... Et non, en fait, j'ai juste eu un gros hématome qui faisait un peu mal mais rien de méchant.

Après ce petit épisode équestre, on me ramène "chez-moi" ou mon sac est pratiquement prêt. Je dépose mes cadeaux de départ, remplis mes bouteilles d'eau, vérifie que j'ai tout pris et on vient me récupérer en 4X4, direction....

LE SUD

Svavar, le mari de ma tutrice de stage, part dans le Sud avec sa fille rendre visite à sa famille et donner un coup de main dans la ferme familiale. Ils m'emmènent donc avec eux et m'offrent le logis et le couvert pour quelques jours à Hof, dans le Sud-Est de l'île, à la pointe sud du glacier Vatnajökull (littéralement Eau-Montagne. Ils ont dû réfléchir longtemps avant de le nommer, celui-là). Le trajet inclue donc deux tiers de la côte Sud. Le temps est avec nous et nous faisons donc quelques haltes sur le chemin, Svavar étant adorable et soucieux de me permettre de voir tout ce qu'il peut me montrer pour que ce long trajet soit "optimal". Malheureusement, je n'ai pas pu voir les îles Westman, qui étaient sur mon plan, mais j'ai dû faire un choix et faire la route avec Svavar puis rester chez eux quelques jours valait le coup, je ne regrette absolument pas. Nous sommes aussi passé vite fait devant la chute d'eau où Polla Ponk avait projeté le drapeau islandais pour se présenter durant l'Eurovision, mais ne nous sommes arrêtés que bien plus loin à Seljaland, l'une des rares chutes où l'on peut se promener derrière, comme ceci :



On voit bien que le soleil est revenu sur la fin, hein.
J'y ai également rencontré un touriste allemand avec lequel on a papoté un peu visites et sites naturels, c'était sympa. Puis on s'est remis en route, passant à côté du fameux volcan dont tout le monde a parlé et qui a bloqué toute l'Europe. Enfin, "parlé", tout le monde a essayé, hein, parce que je rappelle qu'il s'appelle Eyjafjallajökull, et qu'en plus d'être déjà tordu à l'écris, souvenez-vous que LL = TL. Donc ça se prononce é-ï-ia-fia-tla-ieu-keu-tl. YEAH ! Et pour vous donner une idée, vous pouvez ci-dessous voir l'endroit aujourd'hui et le panneau commémoratif qui vous montre le même endroit quand ça a pété. Et comme vous pouvez le constater, non, ils n'ont pas déménagé.

Eyjafjallajökull.
"Un peu" plus loin sur notre route, Svavar me dit qu'il va faire un petit détour pour moi et s'engouffre sur une petite route, près de Reynir, direction la mer. Je n'ai pas vu de panneau, il n'y a aucune info, je ne sais pas à quoi m'attendre. Nous descendons de la voiture et marchons quelques centaines de mètres sur la plage de sable volcanique d'un beau noir qui met minable Santorin et où les vagues viennent s'écraser à gros rouleaux. Et là, je me tourne vers l'Est et c'est l'instant de grâce :

Santorini, that's a Black Beach, bitch !
Dans le Hall du Roi de la Montagne. (Et maintenant t'as la mélodie en tête, hihi, je t'en prie)
Histoire de vous donner l'échelle de ces blocs de basalte...
J'aime beaucoup le côté géode géante de la grotte.
 Nous nous remettons en route et traversons Vík, où je découvre ce que les Islandais appellent une ville, un petit village, donc. Un peu comme la Finlande, sauf qu'en Islande on part encore du principe que les cinq maisons doivent être assez proches les unes des autres pour être considérées comme étant une "ville", concept que les Finlandais ne prennent toujours pas vraiment au sérieux. Mais je m'égare.

Alors que nous traversons la plus grand champ de lave produit par une éruption unique (au monde, hein, woop woop Guinness Book !), nous faisons halte dans un lieu étrange où s’élèvent des centaines de petits cairns. Svavar m'explique alors la coutume, lorsqu'on passe en cet endroit pour la première fois, est de construire un petit cairn qui porte bonheur pour le reste de ton voyage. Il faut savoir que les Islandais ont, encore aujourd'hui, souvent recours à des cairns de roche volcanique pour orienter les marcheurs à travers les champs de lave qui sont de véritables pièges mortels - sans exagération dramatique. Crevasses et fosses recouverts d'une épaisse couche de mousse sont autant de pièges dans lesquels disparaissent chaque années touristes et randonneurs locaux. Les chemins sûrs étant indiqués par des gros cairns, et il suffit de marcher en ligne droite de l'un à l'autre. Le cairn devient alors symbole de sécurité, d'un chemin qui saura vous ramener chez vous, il est donc un bon présage. Alors pourquoi tout le monde en construit un, là, ici ? Je ne sais pas, c'est juste "la coutume", mais j'ai vu ça sur plusieurs sentiers par la suite, même si à une échelle bien plus limitée, évidemment. Du coup, j'ai moi aussi, pour mon premier passage en ces lieux, construit un cairn pour ma bonne fortune durant mon petit tour de l'île. Est-ce que ça a marché ? Vous le saurez, en lisant les prochains épisodes deBON OK, non, je vais pas commencer comme ça. Mais je vais quand même vous montrer mon cairn qui, non, ne ressemble pas à quelque chose que la loi m'oblige à ramasser si mon chien le laisse sur la voie publique.
Et ça c'est mon cairn.
Dernier petit stop (en dehors de la pause casse-croûte, hein, mais je vais pas non plus rentrer dans les détails les plus triviaux sinon on ne s'en sortira jamais), le champs de mousse d'une épaisseur extrême qui recouvre la lave. Svavar m'expliquait qu'au cours de randonnées il s'était souvent reposé dans des endroits tels que ceux-ci, en s'allongeant simplement sur la mousse, et il m'invitait donc à essayer. Et c'est super moelleux ! D'habitude la mousse a l'air moelleuse mais n'est de loin pas assez épaisse, alors que là on a vingt à trente centimètres d'épaisseur de mousse... bon, c'était le soir, donc un peu humide, mais Dieux que c'était confortable... à condition de pas passer au travers dans une crevasse, évidemment, mais hey ! C'est l'Islande, où la Mort attend le touriste à chaque coin de rocher donc pourquoi s'inquiéter ? (Nous reparlerons de ça quand nous en viendrons aux sources d'eau chaude naturelles et aux plateaux enneigés.)

Nous sommes finalement arrivés à Hof au beau milieu de la nuit noire, je n'y voyais strictement rien, et après un petit casse-dalle rapide, au dodo.

C'était donc ma dernière journée de stage.

(Et la première de mon tour d'Islande)


Hof est-il un trou perdu sans intérêt ? Suis-je un gros ingrat qui se contente de mettre les pieds sous la table ? Y a-t-il quelque chose d'autre à voir sur la côte Sud ? Vous le saurez, en lisant le prochain épisode du Road-Trip en Islande !


Hahaha, je vous le fais quand même, le coup du cliffhanger !

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