lundi 10 février 2014

Habiter VS Visiter

Dans une semaine, je serai en Islande.

J'en ai parlé avec ma famille et mes amis depuis un moment évidemment, mais avec la tête dans le guidon des formulaires, des signatures, des formulaires, des travaux à rendre, des formulaires, et puis tiens, vous reprendrez bien un petit formulaire, j'ai pas vraiment eu le temps de réaliser pleinement que "Ah bah dans une semaine je serai déjà sur place". Et là, ce dimanche, ça a fait clic, et je suis super excité.

Oui parce qu'avant j'étais surtout stressé à mort par des revers administratifs divers et variés (de l'annulation de mon stage pour lequel je me rend sur l'île pour 3 mois en passant par la découverte de ma non-couverture par la Sécurité Sociale française... et comme je ne suis pas couvert par la finlandaise... faites vos maths). Ensuite, moi et l'autre étudiante qui me rejoindra un mois plus tard, il a fallu qu'on se trouve un logement par nous-même, ce que j'ai fini par réussir par contacts interposés. Il a fallu que je me débatte dans la Paperasse Infinie pour que la tûnasse que m'avait DÉJÀ accordé Nord+ me soit délivrée, parce que oui, le programme d'échange donne les sous à ma fac après que j'aie rempli un dossier en bonne et due forme, qu'ils ont accepté, puis je dois REFAIRE un dossier en bonne et due forme pour que ma fac libère les sous qu'on m'a déjà accordé précédemment.

En fait, SATAN c'est l’acronyme pour Suomi's Awfully Terrorizing Administrative Nightmare.

Bref, tout ça c'est réglé : J'ai mes sous pour payer ma location sur place, mon vol, mon assurance, mon stage. Bref, je suis prêt et je n'ai plus rien pour me prendre la tête. Mais j'ai quand même une semaine avant de partir, haha ! Bonjour, Excitation du Départ, ça faisait longtemps !

Je me retrouve à attendre en pensant à ces trois mois et demi à venir. Et je me rends compte que je n'attends rien de particulier en fait. Alors évidemment y a deux trois trucs que je veux faire tant que je suis sur l'île... Après m'être essayé à la nage dans la glace en Finlande, j'espère pouvoir me baigner dans les sources chaudes (Île volcanique bonjour que puis-je faire pour votre service ?). J'espère faire des ballades en montagne (glaciers ?), le pied étant de pouvoir crapahuter sur un volcan... J'espère voir certains sites sacrés ásatrú aussi, puisqu'en Islande on est déjà allé jusqu'à détourner le tracé de routes à construire pour contourner des rochers sacrés, par exemple.

Mais les raisons pour lesquelles j'ai choisi l'Islande ne sont pas forcément liées à quelque chose de précis, comme visiter un lieu particulier ou voir un monument particulier. J'ai évidemment hâte de voir la cathédrale de Reykjavík qui pète la classe, mais finalement c'est plutôt la vie sur place dans son ensemble qui m'intéresse. Ça sera sans doute superbe et je vais me régaler avec des grandes étendues de vide, une nature rude et une population réduite. Mais ce qui m'excite c'est de me dire que je vais pouvoir travailler avec des Islandais, vivre chez eux, apprendre d'eux - leur façon de gérer la crise bancaire me laisse penser que je vais avoir droit à de nouvelles perspectives à bien des égards. Pas simplement visiter le pays et tout voir tout visiter tout faire comme quand on voyage quelque part et qu'on n'a que quelques jours pour faire un maximum de choses. Prendre mon temps.

On touche du doigt ma recherche - toujours en cours - de trouver les critères qui font qu'on habite dans un pays, qu'on y vis, et ceux qui font qu'en fait on ne fait que le visiter. La seule durée de la présence ne fait pas tout, même si d'après les lois de l'Espace Schengen, on définit arbitrairement cette durée à trois mois. Mais on peut passer 6 mois à visiter sans vraiment habiter le pays, comme un touriste. Ce qui n'est pas forcément négatif, on n'a pas toujours le temps, voire même la volonté, de faire autre chose que visiter.

Alors c'est quoi ? Les activités ? La compagnie qu'on tient ? 

Ou même... oserai-je... un subtil mélange de tout ça ? (parce que les réponses faciles et toutes prêtes c'est nul et que l'arbitraire, c'est pour les gens qui ont fait un Bac S) (Donc, pas moi)

Le gros problème du SVE ce n'était pas tant la durée (6 mois c'est pas tant que ça pour un projet de SVE "long terme" qui peut aller jusqu'à un an, mais c'est quand même pas mal du tout !) que la difficulté de se mêler aux locaux. Parce que notre Organisation d'Accueil était quand même une sacrée usine, avec une vingtaine voire une trentaine de volontaires dans la même ville. Du coup, c'était ambiance Erasmus : On rencontre plein de gens venus des quatre coins de l'Europe, on picole à mort, on se refile ses tics et ses fautes de mauvais anglais, mais on ne parle pratiquement pas (ou très peu) aux locaux - combien d'étudiants Erasmus sont rentrés chez eux avec 120 nouveaux contacts et pratiquement aucun local, sans avoir fait un pouce de progrès dans la langue du pays ? Comme une colonie du Club Med, niveau intégration, c'est pas génial. C'était une chouette expérience quand même, et via les collègues de travail, les clients, et quelques échappées on pouvait, si on le voulait vraiment, s'arracher à cette bulle, mais ça reste une expérience très différente de ma vie en Finlande où les seuls non-Finns que je côtoies sont des collègues de travail/camarades de classe. Du coup je vis en Finlande comme un Finlandais, sans faire 36000 visites tous les week-ends. Bon, d'accord, j'ai pas les sous pour ça. Mais quand bien même, je sens une différence dans ma propre façon d'appréhender le pays, du coup. Et comme j'étudie, travailles et tout le tralala avec des Finlandais, depuis deux ans et demi, je considères sans problème que j'habite et vis et en Finlande.

Et la Grèce, alors ? J'ai longtemps hésité, notamment parce que j'ai vu plus de non-Grecs que de Grecs et que mon niveau dans leur langue est resté très basique, mais je crois que je peux quand même dire que j'y ai habité, parce que ça impliquait un véritable quotidien avec travail (avec des collègues toutes grecques, et des clients tous grecs), courses, popote, vaisselle, ménage, linge... pas juste l'ambiance vacance Cumbaya. Quant à la langue, j'ai beau avoir grandi bilingue, apprendre de nouvelles langues a toujours été un défi à me donner des sueurs froides, et considérant mon échec cuisant en espagnol (oui, en espagnol, moi le francophone. J'ai honte), avoir assimilé en six mois suffisamment de grec pour faire mes courses et demander mon chemin, je trouve que c’est déjà bien. Même si j'ai presque tout oublié à part merci, s'il vous plaît, bonjour, bref, l'arsenal essentiel de l'homme civilisé : La Politesse !

(Je ne veux pas dire par là que les Finlandais ne sont pas civilisés, attention... ils sont juste polis.... autrement...)

(D'ailleurs, l'Alsacien qui vous marche sur le pied ne dit-il pas lui même "Hopla !" et non "Pardon" sans que ce soit impoli ?)

(Une autre courtoisie est possible)

(Mais je m'égare)

D'ailleurs, au bout de quelques semaines la vie à Xylokastro est devenue très pépère, très routinière. Au bout d'un moment, c'est moche mais on ne pense même plus à quel point c'est cool d'avoir des orangers comme décoration urbaine, auxquels on peut se servir librement et profiter d'oranges fraîches et juteuses, et surtout gratos. On finit même par se plaindre que les orangers soient plantés au milieu du trottoir, obligeant les piétons à marcher sur la route (Ce qui avec la conduite à la grecque n'est pas vraiment toujours recommandé). C'est con, mais le côté chiant des orangers il faut un certain temps et l'arrivée de cette routine pour s'en rendre compte. Il faut un changement de priorités entre : "Les oranges gratos c'est cool" et "Putdvqd, j'ai mes sacs de courses et mon pack d'eau à bout de bras et je dois contourner l'arbre de merde en plein milieu du trottoir, ah bordel et l'autre con qui se gare justement tout contre, ah fais chi..." Ça demande du temps et un regard routinier. En ça, on retrouve la fameuse courbe bullshit pas si bullshit que ça. Même si en l’occurrence, les orangers étaient loin d'être suffisant pour provoquer une Lune de Miel :-D

Pour l'Islande, je n'ai "que" trois mois et demi, c'est à peine plus de la moitié de mon temps en Grèce, mais je vais vivre avec un couple d'Islandais et, après un mois, une autre étudiante. Mais c'est tout. Pas de gros groupe à la Erasmus/ SVE Xylokastro, j'espère donc me faire des contacts locaux et profiter de mon temps plus de la façon dont je le fais en Finlande, tout en voyageant comme en Grèce, pour pouvoir y habiter, y vivre, et ne pas simplement "visiter". 

C’est mon défi Islande 2014 !



Ça, c'est la théorie, évidemment... On va voir comment je m'en sors en pratique.

2 commentaires:

  1. J'éviterai de recommander la vidéo du bain à ta mère, c'est un coup à la transformer en glaçon devant l'ordi. avec 22° dans la pièce :-).

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    1. Normalement elle l'a déjà vu... et essaye désespérément de l'oublier :-D

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