vendredi 31 janvier 2014

La Carélie : Savonlinna, une forteresse qu'elle est classe

C'est parti pour une destination bien moins pourri que le titre de cet article : La forteresse de Savonlinna. Je vous invite à jeter un œil à cette page wiki qui vous confirmera cette rumeur bel et bien fondée : Oui, il existe en Finlande un championnat du monde de lancer de téléphone portable, qui s'y déroule annuellement.

Un sport à mettre dans la même catégorie que le fameux "porter de femme", un autre sport finlandais plein de virilité et d'adrénaline, tout comme le championnat d'écrasement de moustiques (je cite wiki : "Les compétiteurs disposent de 5 minutes pour tuer le plus grand nombre de moustiques, sans instrument ni produit. Henri Pellonpää a établi le record du monde en 1995 avec 21 moustiques" voilà voilà) et naturellement le championnat du monde de résistance au sauna, où des hommes, des vrais, sont prêts à mourir pour prouver qu'ils n'ont pas chaud aux yeux (padam psssii). La liste des sports débiles finlandais est là, faites-vous plaisir.

Mais Savonlinna ce n'est pas que le Lancer de Téléphone Portable, non, c'est aussi un festival d'opéra réputé se déroulant dans le cadre très classe d'une forteresse qui en met plein la vue : Olavinlinna.

La Finlande médiévale, c'est badass.
Bon, là encore, quand on compare des châteaux d'Europe Centrale (Carcassonne bonjour !), on peut ne pas être émerveillé et faire la fine bouche, mais d'une part, je trouve le château chouette en soi, et d'autre part, il ne faut pas oublier qu'on est en Finlande, et que les gros châteaux badass qui tiennent encore debout ne sont pas légion. D'ailleurs il ne reste plus de forteresse médiévale plus au Nord que celle-ci. Au monde. Alors ne boudons donc pas notre plaisir. 

On y a fait un tour sur le chemin du retour, une belle journée ensoleillée et venteuse. Tellement venteuse que - las ! - j'en ai perdu mon chouette chapeau qui flotte, maintenant, dans les eaux de la Baltique où l'a porté le flot paisible et scintillant de la Région des Lacs.

Bref, j'ai pris un coup de soleil.

Nous sommes arrivés juste à temps pour nous incruster dans la dernière visite guidée avant que le château ne soit fermé aux visiteurs pour n'être réservé qu'aux riches nantis venus écouter de la grande musique avec des beaux vêtements et des tickets hors de prix. Non, je déconne, ils avaient seulement l'air riches en comparaison de nos fringues de campeurs défraîchis. Du coup on a pu suivre les explications de la guide, à peine perturbés par le vacarme incessant et frénétique des enfants très, très mal élevés d'un couple mou et sans autorité, dont la progéniture aurait, en France, eut droit à plus que mes regards assassins. D'ailleurs, les yeux écarquillés du petit garçon infernal quand je me suis tourné vers lui pour lui dire assez sèchement de mon accent étranger "Lopeta !" ("arrêtes !"... je sortais de mon stage dans un Kindergarten...ça aide), ça n'avait pas de prix. On a senti un vague malaise chez les parents désarmés et un soulagement parmi les autres visiteurs jusqu'ici feignant de ne rien remarquer par politesse et courtoisie (et ce boudju de "c'est pas mon problème" finlandais, j'y reviendrai). Sauf le groupe de francophones qui se sont plains entre eux, croyant ne pas êtres compris, mais sans oser demander parce que bon, on n'est pas chez nous. J'ai eu moins de scrupules, hihi). Néanmoins, cela aura offert à Ada et moi l'occasion de rediscuter du système éducatif français et du fameux "tu vas t’en prendre une si tu continues", ici totalement prohibé et désapprouvé. Sauf en privé, évidemment, là c'est le socionome qui parle. Imaginez-donc la surprise d'Ada quand, en France, elle voit des gamins turbulents se prendre des tartes dans les files d'attente des supérettes. Il y a là un contraste culturel qui risque de devenir particulièrement acrobatique dans les années à venir...

Mais revenons à la forteresse au lieu de parler des sujets qui fâchent. Construite sur une île en pleine Région des Lacs, elle en impose par ses murailles et ses tours, loin du gros bloc un peu plan-plan qui reste du château de Turku. Les murailles sont hautes, surplombant d'un côté le lac, de l'autre de multiples cours ensoleillées (Ici avec l’arbre qui y pousse tranquillement façon Gondor). Les longs passages et galeries sont un plaisir à arpenter, tantôt prenant de la hauteur, tantôt se rapetissant en petits boyaux de vieille pierre. Bref, tout le plaisir d'une visite d'un château médiéval.

J'ai beaucoup aimé la guide qui nous a dit en gros : "En général ce genre de vieux monument a toujours tout à tas de légendes et d'histoires de fantômes... nous, non. Enfin si, il y en a une, une seule. Un corridor hanté où on aurait à plusieurs reprises vu des lumières alors que personne ne s'y trouvait." Alors là, forcément, le visiteur curieux et excité se demande bien dans quel passage obscur et ancien peut bien se promener cette lumière spectrale, ce fantôme, peut-être, cet esprit qui hanterait les pierres ancestrales de Olavinlinna ?

Et bien ce passage qui surplombe l'une des salles de banquet et mène au balcon des musiciens c'est celui-ci :
Paye ta rambarde en béton casse-l'ambiance.
La vue d'une cour...
...depuis cet escalier.
Donc si vous êtes venu pour le frisson de l'au-delà, laissez tomber, y a rien à voir. En revanche, les amateurs d'histoire et de vieilles pierres ( et de bonne musique) seront comblés ! C'était assez marrant d'entendre les anecdotes sur les tours à chapeaux de bois qu'il a fallu refaire car le vent les arrachait en s'y engouffrant (On imagine donc le vent qui va avec, et je rappelle qu'on n'est pas en montagne), le bazar pour protéger le puits d'eau potable de l'île et l'histoire d'une tour additionnelle suédoise qui s'est écroulée parce que mal foutue... (Les suédois, encore eux, trololol, et pourtant je vous jure que je ne le fais même pas exprès !). La salle souterraine (véritable coffre fort) accessible à l'origine uniquement par une ouverture au plafond à une bonne dizaine de mètres du sol, par exemple, ça vaut le coup d'être vu (avec le sol partiellement pavé et partiellement en roche naturelle parce que bon, creuser un caillou pareil, c'était pas évident...).


En sortant, on a pris une dernière glace pour la route - une glace au goudron, pour moi, j'en profite en été dès qu'un kiosque en vend ! - et on a dû se remettre en route, quitter la Carélie pour revenir sur Helsinki... 

Une belle virée, de beaux paysages, de bons moments !







Au risque d'être redondant : Il y avait du vent. Très visiblement.
Olavinlinna, perché sur son rocher.
Cela dit, avant de vous laisser, je me dois de partager cet instant WTF lorsque nous sommes entrés dans un supermarché pour faire une pause et boire un coup, et fûmes accueillis par...

ROBOCOP ET SES CHIENS. 

Ne me regardez pas comme ça, j'ai pas compris non plus. J'imagine que ça doit rappeler aux jeunes désœuvrés que voler à l'étalage, c'est mal ?


Et oui, Robocop fonctionne sur multiprise, apparemment.

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