jeudi 1 avril 2010

Xylokastro et ses environs : Mon chez-moi pour six mois

Pendant les six mois de mon Service Volontaire Européen j'ai vécu à Xylokastro, une petite ville au Nord-Est du Péloponnèse, pas trop loin de Corinthe. C'est là que se trouve le siège de l'organisation Orféas, mon association d'accueil, qui travaille avec plusieurs villes alentours pour dispatcher ses volontaires dans différents projets. Moi, je travaillais avec les services sociaux de Velo dans un projet appelé Help@Home, où nous allions rendre visite à des personnes âgées isolées, pour faire du nettoyage, leur apporter des courses, nous assurer qu'ils étaient en bonne santé, parfois les laver, etc. Je prenais le bus pour aller jusqu'à Velo, où la voiture de mes collègues/boss venait me récupérer, et nous faisions notre tournée, puis je rentrais comme j'étais venu, avec le bus qui longeait la côte en passant par Kiato. Cette petite bande côtière fut donc mon chez-moi pendant ces six mois, et sans partir dans des détails fastidieux, je vais essayer de vous faire un petit tour, pour vous donner une idée.

Xylokastro, où "château de bois" (du grec Xylo, le bois, et Kastro, le dictateur cubain), est prisé des touristes pour sa plage et sa petite forêt. En fait, pas mal de maisons sont des maisons de vacances de Grecs venus de tout le pays, voire d'étrangers, qui restent inoccupées durant le reste de l'année. Comme les Grecs ont un problème avec le concept de poubelles et de recyclage, tout un groupe de volontaires "court terme" a pour mission principale de nettoyer cette plage avant la belle saison...

Alors cette plage en vaut-elle la peine ? Jugez-en vous-même :

Je dirai oui, à condition d'aimer les galet.
Un jour venteux, mais de ciel clair. On voit les montagnes de l'autre côté du golfe qui n'est pas aussi étroit qu'il semblerait.
Xylokastro se trouve juste à côté d'une chaîne de montagnes qui bloque régulièrement les nuages et offre des averses salutaires. La "Montagne de Xylokastro" est aussi prisée des marcheurs, qui peuvent visiter à son sommet un monastère.

De jour.
Au coucher du soleil.
Mais pour moi, Xylokastro c'est cette place centrale avec son église, où la plupart des fêtes sont organisées, et où la vie se concentre - quand il y en a, sieste oblige. L'église elle-même est assez jolie, vous l'avez déjà vaguement aperçue dans ma vidéo sur la Pâque orthodoxe.

Côté place du village. On remarquera la borne wifi libre d'accès !
Côté rivage, la mer étant juste en face. Là on remarque les palmiers et les deux popes qui marchent, dont l'un en mode Bad Boys, bras écartés du corps, like a boss. La rue qu'on voit se prolonger sur la droite, remontez-la sur trois blocs et vous arrivez à mon appartement. C'est également la rue du magasin de liqueurs pas cher où s'approvisionnent les volontaires à un rythme qui suffit à assurer la pérennité du commerce.
Cela dit, en matière de chouettes églises, chaque ville de Grèce semble vouloir se disputer le titre.

L'église de Kiato, par exemple, qui pète la classe. Construite sur une petite colline, on la voit bien, et de loin. Mon bus passait devant tous les jours, je ne m'en laissais pas.
Dans un style assez similaire mais plus moderne, une des église de Velo, la ville où je travaillais.
Toujours à Velo, mais dans le fameux style "blanc et bleu". Cette église-là était juste à côté de la petite chapelle où j'attendais mes travailleuses sociales le matin.
La rubrique nécrologique, agrafée sur les poteaux électriques.
La vie entre Xylokastro et Velo m'a appris beaucoup de choses sur les Grecs au quotidien. Par exemple, quand la route est étroite ou la rue encombrée mais que deux voitures se croisent, c'est une question d"honneur : On ne laisse pas passer l'autre. On se regarde, on s'observe, on s'épie, et on ne lâche rien. Du coup, on passe en même temps, les carrosseries se frôlant, les rétro se touchant parfois, le tout en roulant au ralenti, tout, tout, tout doucement. Alors que bon, un peu de courtoisie et ce serait réglé en moins de vingt secondes, hein, mais non. On ne se laisse pas dominer par l'autre conducteur/trice. Car oui, ce n'est pas seulement un truc de gros machos virils, les femmes sont pareilles. 

Ça ne les gêne pas non plus, lorsqu'ils croisent une connaissance roulant en sens inverse, de s'arrêter tous deux fenêtre à fenêtre pour papoter, quitte à bloquer toute la route dans les deux sens. Et les gens qui sont derrière ne se plaignent ni ne klaxonnent pas. C'est normal, là, on est sympa et courtois, et on attend qu'ils aient fini. J'avoue que je ne suis pas sûr de quoi en penser, vu que ça m'a autant agacé que plu, selon les jours.

En revanche, ce genre de choses-là m'a beaucoup, beaucoup agacé :

Ceci est un carrefour, mesdames et messieurs, PAS UN PARKING.
La chapelle où j'attendais mes collègues tous les matins.
J'ai été surpris aussi de voir autant de gens s'arrêter le matin à la petite chapelle où j'attendais d'être récupéré, prier cinq minutes, le petit bisous sur l'icône à l'entrée, et reprendre la route pour aller au boulot, ou se signer dans le bus quand on passait devant une église. Même des jeunes hommes en marcels un peu crados sur leur mobylette, qui faisaient les kékés et des roues-levées pour impressionner la galerie, se signaient en roulant devant une église... C'était un choc culturel assez frappant, tout comme de voir toutes ces petites affiches nécrologiques simplement agrafées sur des poteaux comme des pubs.

Le Kadaïf, et votre ligne ne vous dit pas merci.
L'un des gros points positifs c'est qu'il y avait des boulangeries partout, avec des pains excellents et des pâtisseries absolument fabuleuses. Bon, faut parfois avoir une énorme tolérance au sucre, parce qu'on sent bien l'influence ottomane dans leurs spécialités, mais rentrer dans leurs pâtisseries et boulangeries, c'était toujours un plaisir des sens à réveiller votre appétit. Mon préféré : le Kadaïf (καταίφι), ou cheveux d'ange. C'est très, très sucré, avec des noisettes et tout, huuuum... Après deux bouchées t'as l'impression d'avoir manger toute une tarte tellement c'est riche, mais Dieux que c'est bon ! Avec ça, un café frappé, évidemment, la boisson nationale grecque, après l'Ouzo. Tout le monde en boit, tout le temps, et tout le monde en fait chez soi. J'ai eu l'occasion d'en boire d'autres dans différents pays, et il me faut l'avouer, les Grecs sont pour moi les maîtres incontestés du Café Frappé.

Mais la grosse claque, en arrivant en Grèce, si je dois évoquer les différences culturelles, c'est ça :


Les canalisations grecques sont vieilles et inadaptées, donc elles se bouchent facilement. Pas de tout à l’égout comme chez nous, résultat, à mois que vous n'installiez de broyeur comme le font les hôtels pour ne pas incommoder la clientèle, vous ne pouvez pas jeter votre papier toilette dans les toilettes. 

Oui, vous avez bien compris : Après vous être bien torché, vous mettez ça dans la poubelle à côté des toilettes.

Remettez cette information dans le contexte d'un appartement de 10 personnes, y compris 8 filles avec toutes les différences biologiques que ça peut entraîner, en Grèce, en été, et comprenez l'ambiance qui règne dans la salle de bain. Ou n'importe quel toilette grec, en fait, hein. Surtout quand il fait 40 degrés dehors. Et je ne parle même pas des coupures d'eau qui nous empêchaient même de tirer la chasse (du coup on allait remplir des bouteilles d'eau de mer "au cas où"). C'était parfois agaçant mais c'était chez nous.

Bref, c'était Xylokastro.


L'article que je remet à jour, si on peut l'appeler ainsi, ne parlait à l'époque que d'une journée "un peu venteuse" à Xylokastro, je le laisse en bonus. Un jour je referai peut-être la vidéo qui va avec comme j'ai refait les vidéos de visites :

"Voilà une vidéo prise dimanche dernier alors qu'on prévoyait une excursion sur la montagne de Xylokastro. Le temps et la volonté de la plupart des volontaires en ont voulu autrement. Je vous laisse voir pourquoi ! ( ça n'a pas l'air comme ça mais c'était très impressionnant )"

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