mardi 8 avril 2014

Les bus et la bouffe : Islande VS Finlande

Il y a déjà de cela quelques semaines m’arrivait une mésaventure dont certains ont déjà entendu parler, en rapport avec l’un des sujets qui nous intéressera aujourd’hui, à savoir : Les transports en commun. En effet, après une bonne soirée de concert à Reykjavik, je me suis retrouvé à minuit sans bus pour rentrer. Deux solutions s’offraient à moi. Il y avait l’option financièrement désavantageuse de tendre mon bras désespéré afin d’attirer l’attention de l’un des vautours taxis qui n’attendaient que ça, ou marcher.

Cette vidéo vous  présentera la sympathique marche de nuit qui s’en suivit. On se retrouve après pour un développement sur les transports en commun, et d’un autre sujet passionnant : La bouffe. Aujourd’hui on va comparer pas mal avec la Finlande, je préviens hein, histoire de justifier le tag « Finlande » de cet article.



Partie I : Les Transports publics

Alors comme je n’ai pas traduit mon moment de frustration et que tout le monde ne se tape pas mes vidéos (qui sont longues,  je sais…) je vais résumer l’affaire des transports publics de Reykjavik.

« C’est de la merde » est la version concise qui me vient spontanément à l’esprit, mais je vais faire un effort et développer, d’autant que tout n’est pas à jeter. Par exemple, comme je l’expliquais dans la vidéo, il suffit de dire à son chauffeur que l’on veut changer à tel arrêt pour telle ligne, et le gars appelle son collègue pour lui demander d’attendre. Ce qui est cool quand on est un peu stressé, qu’on fait le trajet pour la première fois ou qu’on a un rendez-vous (ou les trois à la fois). C’est plus chiant quand on a un rendez-vous et que… on est assis dans le bus, à serrer les dents, les fesses et les poings parce que le bus est déjà en retard et qu’on a envie de gueuler « Démarre et laisse l’autre prendre le suivant, bordel de perkele ! ». Genre le matin pour aller au boulot, quand toi t’as couru pour ne pas rater ton bus et que… voilà.


Le pont dans la vidéo, de jour. J'ai pas résisté au côté Stargate :-p
D’autant que le système est très basic, en plus. En dehors du grand axe central qui sort de Reykjavik, rares sont les arrêts desservis par plus de trois lignes, hors chaque ligne passe tous les quarts d’heures, jusqu’au soir ou on passe à toutes les demi-heures. Ah, et aussi les bus quittent la gare centrale presque tous en même temps. Donc tous les quarts d’heures (ou demi-heure) t’as une vague de bus, et si tu la rates, ben… cuitas les bananas. Comparons à une autre région capitale prise au hasard, disons… Helsinki, hein, juste pour l’exemple. Bah y a toujours tout un tas de lignes, des arrêts partout et une répartition régulière. Et surtout y a des bus après minuit.

Parce que oui, les bus ici c’est Cendrillon : Après minuit la fête est finie. Déjà que le week-end t’as moitié moins de bus, soit tu sors et tu prends ton dernier bus à 23h44 (pour la ligne 6, par exemple, trop bien la Teuf de Grandes Personnes !), soit tu rentres en taxi (kling kling ! € € € !). Ou tu bien tu la joues « Rien à foutre, j’suis un touriste, j’me promène ! », comme moi. Mais c’est plus long, forcément (et potentiellement plus humide).

Mention spéciale à leur site internet où tu peux calculer ton trajet et tout et tout. Franchement, je me plaignais des cartes de Reittiopas, j’ai revu mes  critères à la baisse depuis que je dois me farcir Straeto. Sérieusement, c’est le site le plus pourri en matière de cartes que j’ai jamais vu. Déjà commençons par le commencement, la destination. Tu peux écrire l’adresse correcte à la virgule près, il va te demander une fois sur deux de « confirmer l’adresse » parmi une foultitude d’adresse d’une liste proposée par ses soins, y compris des adresses qui n’ont non seulement rien à voir, mais peuvent même ne pas être dans la même ville ! (alors que tu avais inclus le code postal) et qui pourtant sont plus haut dans la liste de suggestions que l’adresse que tu cherches. Adresse qui peut même ne pas être proposée. Voilà voilà.
Ensuite tu choisis si tu veux « parti » ou « arriver » à telle heure… ce qui ne sert pas à grand-chose puisque le moteur de recherche du site va te sortir des horaires qui t’amènent au lieu souhaité une heure en avance au lieu de se rapprocher de l’heure souhaitée. Du coup, tu peux rajouter 20 bonnes minutes à ton calcul pour avoir de suite les horaires que tu cherches.

Pour compenser ce flot de frustration, la crique de Grafarvogur de jour.
Et puis ensuite y a les cartes… Les cartes t’indiquent où tu commences, où le bus roule, et où tu descends. Mais si tu dois marcher pendant dix minutes, quand Reittiopas te sors des cartes, certes parfois peu claires, mais qui te montrent quels chemins emprunter, Straeto lui tire un trait tout droit vers ta destination, ignorant les routes, les rivières, les rochers, et même la mer. En gros, quand tu descends du bus, Straeto te dis : Vole, mon ami, vole !

Hé, Ducon, si je savais voler je me serais pas fait chier à prendre le bus jusqu’ici. D’uh.

On notera aussi que deux arrêts se faisant face n’ont pas forcément le même nom (pratique pour s’y retrouver !) et que deux arrêts consécutifs peuvent avoir le même nom (les deux arrêts consécutifs « Kringlan », du nom du centre commercial du même nom, par exemple). Hourra !

Je sauverai quand même leurs plans dans les arrêts de bus qui sont beaucoup plus clairs qu’en Finlande, et les horaires des lignes mieux indiqués aux arrêts et dans les livrets, avec clairement indiqués : la station de départ, la station d’arrivée (et donc le sens de la ligne…), ainsi que tous les arrêts de la ligne et à quel arrêt on se trouve (et du coup on peut se repérer sur la ligne). En Finlande, même les Finlandais avouent ne pas forcément comprendre les cartes de HSL, c’est dire. Bon point pour Straeto, mais loin d’être suffisant.

Là où les Islandais marquent des points c’est : La politesse de leurs chauffeurs et la propreté de leurs bus. Là par contre, je suis positivement surpris. Et aussi que tous les bus indiquent l’arrêt suivant. Et que y a pas besoin de faire de grand signe au chauffeur pour qu’il s’arrêt comme en Finlande où se tenir debout, porte-monnaie en main, au bord de la route, n’est pas suffisant pour faire stopper le bus.

Mais les horaires de merde et les retards constants, mais surtout ce très, très mauvais site font que je préfère globalement HSL. Le réseau de bus d’Helsinki-Vantaa-Espoo est plus efficace et plus pratique malgré ses défauts.

HSL WINS.

EDIT : Ah oui, je crois avoir oublié de mentionner que le week-end, les bus commencent à tourner à vers 11h. Voilà, voilà.

Partie II : La nourriture

On fait souvent des blagues sur la « cuisine finlandaise », notamment en se rappelant que notre cher ex-président Chirac avait lancé, en voulant taquiner nos amis britanniques « Il n’y a qu’en Finlande qu’on mange moins bien qu’en Angleterre ». Eh bien, Jacques, t’as jamais mis les pieds en Islande, mon pauvre ami.

Mouton fumé, haricots blancs en sauce. Oh yeah.
Qu’on ne se méprenne pas, ils ont des plats délicieux ici, hein, notamment quand il s’agit de mouton. Dos d’agneau (Hryggur) et mouton fumé (hangikjöt) furent de fabuleux festins, avec des sauces délicieuses (notamment une aux haricots blancs, bonheur et extase inclus) et de sympathiques préparations de pommes de terre et patates douces au four. Rien à redire, c’est divin. Mais en Finlande aussi il y a des mets exquis, notamment quand on tape dans le poisson. Et ce n’est pas de cela que parlais notre ami Jacques ni tous ceux qui blaguent sur la nourriture en Finlande. Non, ils parlent de Ruispalat, de Mämmi, de patates vapeur et de mélanges de viande bizarres. Il me faut donc remettre les pendules à l’heure (pas celle d’été, puisque les Islandais sont les seuls Européens de l’Ouest à ne plus changer d’heure en été) (Ce fut une découverte rigolote lors d’un appel sur Skype) (Bref).

Rustique ne veut pas dire mauvais.

Certes, la cuisine finlandaise est très paysanne et en cela assez proche de ce qu’on peut manger en Alsace et plus généralement le bassin rhénan (Baeckahoffa etc.), en moins riche et une attention portée plutôt sur le poisson. Et c’est très bon, même si ce n’est pas de la cuisine de resto français prout-prout. Assaisonné juste comme il faut, un bon équilibre des ingrédients, un souci de faire au mieux avec ce qu’on trouve sans tomber dans le misérabilisme (bon, ok, y a ce pain où ils mélangent de l’écorce d’arbre à la farine pour économiser, mais c’est plus un souvenir nostalgique des disettes d’antan qu’autre chose, on te le sert pas à la cantine) (Et c’est pas mauvais en plus). Les pirogues caréliennes par exemple, pour prendre quelque chose de l'alimentation courante, c'est simple, c'est rustique, mais c'est bon.

En Islande, ils ont ce coté « on ne perd rien » aussi, mais sans la retenue qui sied à une nation qui ne vit plus dans la famine permanente. Passons les espèces de boudins de gras et foie (lifarpylsa) et de gras et de sang (blóðmör) (à consommer chaud ou froid, moi je ne peux que le manger chaud parce que froid, tout farineux et friable et tout, je peux pas. C’est juste plöah). C’est encore la catégorie rustique, façon Blutwurst, et apparemment les amateurs de Haggis apprécieront (n’ayant jamais jamais goûté cette spécialité écossaise, je ne peux donc juger)

Mais dans le genre « on ne perd rien » y a quand même hamsatólg, le gras de mouton frit en accompagnement de… poisson.

Alors un bon filet de hadock islandais oui. Le goût du mouton oui, de son gras frit uniquement, bon, à la limite. Mais quand je mange du poisson, c’est pour le goût du poisson. Là c’est une overdose de gras au goût très fort mélangé au haddock, et à manger vite car le gras refroidit rapidement et devient une belle couche blanchâtre dans le fond de l’assiette. Et ne parlons plus du hákarl, le requin faisandé, j’en ai assez mangé pour un bout de temps ^^ D’ailleurs, il y a aussi Skata, un autre poisson qu’ils laissent faisander quelques mois, dans un trou cette fois, qui est plutôt un plat de Noël ici mais beaucoup plus courant dans l’Ouest. Si je passe par-là j’essaierai d’y goûter, il paraît que c’est encore pire. En attendant je peux manger du harðfiskur, des lamelles de poisson séchés à la texture sembable au papier recyclé que les locaux te vendent ainsi : « C’est bon si tu mets plein de beurre. »

Et comme j’ai rouspété à cause du manque de bon pain en Finlande, permettez-moi de faire amende : C’est pire en Islande. Leur pain de consommation courante c’est le pain de mie.

LE PAIN DE MIE !

Il y a bien des brötchen mais c’est déjà « spécial ». J’imagine que je dois me réjouir en pensant que ça m’aura au moins appris à apprécier le rayon pain du S-Market un peu plus justement. Néanmoins, là où le supermarché islandais bat le finlandais, c’est au rayon fruits et légumes. Les fruits sont beaux, et ils sont bons, et ils sont à des prix *kofkof* raisonnables. En tout cas plus honnêtes niveau qualité/prix qu’en Finlande (et pourtant voilà, niveau Import, on peut pas dire que les Islandais soient géographiquement privilégiés).

Je remarque qu’ils sont aussi très américanisés dans leur culture du snack (ils mangent énormément de pop-corn de marques US, les canettes de coca de 50 cl, les sauces etc.), ce qu’ils admettent eux-mêmes. Le fait d’avoir eu longtemps une clientèle américaine à cause des bases militaires, et la proximité avec le continent jouent beaucoup. Ils ont aussi  les chaînes US et britanniques – dont ils regardent assidument le football… – avec les pubs qui vont avec… (Les pubs anglaises c’est… une expérience.). Ils sont aussi très clients de Domino’s Pizza, ce qui est chiant vu que je préfère Pizza Hut, mais dans l’état actuel de mes finances ça fait pas une grande différence :-D Et puis y a le Hot-Dog.

Je vous en parlais, le hot-dog c’est leur grand truc, d’après une étude le kiosque à hot-dog  serait même leur « restaurant préféré », c’est dire. L’amour pour ce met délicat fut d’autant plus renforcé par la reconnaissance d’un autre ex-président, un certain Bill Clinton, qui par un commentaire positif a offert la notoriété éternelle à ce qui s’appelle « le meilleur hot-dog de Reykjavik », ni plus, ni moins. Ils en sont tellement fiers que la photo souvenir se trouve sur un panneau dans la file d’attente – toujours longue ! – au-dessus du vendeur et leur sert même d’avatar Facebook !


"Je suis Bill Clinton et je n'ai pas eu de relations sexuelles avec cette femme."

 Bah j’y suis allé, au « meilleur hot-dog de Reykjavik ».  J’ai attendu dans cette file qui ne s’épuise jamais, j’ai savouré ce pain exceptionnel coupé en deux pour accueillir une savoureuse saucisse accompagnée d’une délicieuse  moutarde et d’une attrayante couche de ketchup avec quelques copeaux d’oignons délicatement frits.


Non, je déconne, en fait ça avait juste le goût d’un hot-dog hors de prix.

Je me plaignais des fromages finlandais, dont le top reste Ottermanni, on est donc au niveau fromager du Babyel, et ben je suis désormais servi avec un « fromage » qui ressemble plus à une crème ou une pâte à tartiner brune pâle qu’on appelle « mysingur » et que ma collègue Þorrà décrit en ces termes : « C’est comme de la terre et de la merde combiné avec une touche de caramel. » Voilà.

Mais le Skyr, leur fromage blanc très similaire au quark qu’ils mangent en quantité, je dois dire que c’est vraiment très bon. Et surtout, Valdys, le glacier situé en face du Musée de la Marine… Des glaces pareilles pour ce prix j’en rêve à Helsinki ! Les glaces ET les cornets sont faits maison, et sont tout simplement fabuleux. Quiconque met les pieds à Reykjavik SE DOIT de prendre une glace chez Valdys. C’est dit.


Même s’ils ne font pas de glace au goudron. Harald wins :-p


PS : Il m'est également très plaisant de pouvoir boire facilement de la Karamalz, ou du "Malt Extract" qui a exactement le même goût. J'en parlerais sûrement dans un petit tarticle spécial.

4 commentaires:

  1. A Auckland il y a un million et demi d'habitants, donc on est gâtés niveau transports: on a un train (le dernier part du centre ville à 22h, et le week-end y'a pas de trains parce que va te faire foutre) et y'a des bus toutes les demi-heures jusqu'à 17h, et puis une fois par heure (les derniers partent du centre ville à 23h30) (oui oui, le weekend et tout!) et il y a genre cinq fois plus d'habitants que Reykjavík alors ON SE PLAINT PAS MONSIEUR L’EUROPÉEN, HEIN.

    Sinon je kiffe absolument ta vidéo suintant la noirceur et l'humidité :D

    Et pour la petite info, l'Ottermanni est considéré comme un fromage VIP dans de nombreux pays (c'est un classique du plateau de fromages dans les menus de nos fournisseurs). Voilà. Je te laisse donc imaginer les chefs d'Etats et leur entourage qui vont à leur sommet de la paix à Bruxelles dans leur jet privé, et à qui on sert un plateau de Babybel. (L'image est fun.)

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  2. En même temps ici on porte des chaussures quand on prend le bus. Faut comparer ce qui est comparable : Une petite ville civilisée ou...... ^^

    Sérieusement, mettre de l'Ottermanni sur un plateau VIP c'est la meilleure façon de dire "je dépenserai pas un radis pour ta gueule". C'est sympa de se couper quelques tranches le soir devant la télé mais pas un plateau VIP... Bon, après, j'imagine qu'il suffit de dire "spécialité finlandaise" et tout le monde la ferme par politesse. Faudrait tenter le coup avec du mysingur, ou pire, le hákarl hihi :-p "Spécialité islandaise traditionnelle, personne ne crache !"

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    1. PS : Les bus néo-zélandais sont peut-être mieux dans la capitale ? Krrrkrrrkrrrr ^^

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