mercredi 7 octobre 2015

Le road-trip français : Carnac

Outre la visite de Vannes et d'agréables moments aux terrasses bretonnes, mon passage chez Delphine et Nicolas fut également l'occasion d'effleurer les racines celtes de la région. J'avais déjà eu la chance de pouvoir me promener dans la forêt de Brocéliande, toucher le rocher de Merlin et même appeler la Dame du Lac dans ma petite enfance, mais je n'en ai guère de souvenir, malheureusement. De toute façon, il semblerait que la Dame du Lac ait répondu à mon appel par une série de bulles. On interprétera ce signe mystique comme on voudra.

Cette fois, pas de Brocéliande pour moi, pas de décor de la mythologie celtique, mais quand même une promenade dans un lieu emblématique de la Bretagne mythique : les alignements de Carnac, au coucher du soleil qui plus est.

Oui, j'ai un fétiche pour les grosses pierres au soleil couchant.
C'était non seulement beau mais envoûtant. A condition d'aimer les vieilles pierres, évidemment, mais vous devez avoir compris que c'était mon cas, depuis le temps. Et là on peut dire qu'on en a pour son argent, puisque les alignements de Carnac c'est près de 4 000 menhirs qui semblent avoir poussé au milieu des herbes folles. Les champs de menhirs sont ceinturés de barrières, poussant plus loin cette impression qu'on aurait fait germer des graines de monolithes. Les tailles varient, du gros caillou à la colonne de pierre, dans un désordre ordonné.Car même si on remarque bien qu'il s'agit d'alignements, impossible de comprendre la logique des variations d'espacement, de taille, etc. Lorsque j'ai visité le cimetière viking de Lindholm Høje (j'y ai beaucoup repensé en visitant ce site), on reconnaissait chaque tombe, ou du moins pouvait-on les deviner. Les alignements faisaient sens. Ici, le mystère reste entier.

Il y a bien une légende selon laquelle il s'agirait de légionnaires pétrifiés par un Saint, mais bon, pas super convaincant comme explication pour des monuments datant de l'âge de pierre (environ 4000 ans avant J-C, pour donner une idée, c'est à dire probablement quelques siècles avant Stonehenge). Et comme il ne s'agit pas de tombes non plus... Bon, je dis menhirs mais il y a aussi des dolmens, et là je suis sûr que tout le monde connaît la différence entre les deux.

Mais je vais quand même l'expliquer pour ceux qui seraient pas sûrs de leur coup mais ne veulent pas l'admettre (comme moi à l'heure où j'écris cet article). Le menhir est une pierre dressée, le dolmen est une table IKEA du néolithique, à savoir une grosse pierre horizontale posée sur deux pierres verticales, souvent enterrée sous des tumulus, et qui contrairement au menhir est généralement une structure funéraire. Bon, en regardant ces photos, vous verrez qu'il s'agit essentiellement de menhirs. Donc pas de tombes. Alors quoi ? Le mystère reste entier. Quoi qu'il en soit, les différents alignements s'étalent sur environ quatre kilomètres et ont probablement été bien plus grand par le passé (on parle de l'éventualité d'une série d'alignement sur huit kilomètres... voilà...)

Les ombres s'étirent déjà lorsque nous nous promenons autour des alignements de menhirs...
Je dois dire que le côté champ de fleurs bucolique ne gâche rien au plaisir de la promenade !
Une vue typique depuis le muret qui entoure l'un de ces alignements...
... et ça se prolonge encore, et encore.
Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas complètement isolé, il y a même des riverains. Quelle vue depuis sa fenêtre...
D'ailleurs en parlant tombe, mes guides m'ont également entraîné vers un tertre, comme ça, au débotté. Et il fallait savoir qu'il était là, puisque l'entrée du site se fait par un petit portillon où une boîte nous invite à payer... si on est honnête, donc, puisque personne ne surveillait... le tout à côté de la terrasse d'un restaurant indien bizarrement isolé à côté de la forêt. Le genre d'endroit où je me serais probablement pas arrêté, même pour manger, surtout qu'il commençait à faire sombre. Pourtant, au bout du sentier, il y avait bien une tombe celte. Désormais vide, elle invite le voyageur à pénétrer dans cette antichambre de l'autre-monde. Un chouette détour qui m'a fait forte impression.

L'entrée du tertre, avec son dolmen comme linteau. On notera le petit menhir dressé au sommet du tertre, qui n'est pas sans rappeler certaines tombes de Lindholm Høje, justement.
A l'intérieur on peut deviner la structure du monument...
... malgré des photos un peu floues, parce qu'il faisait un peu sombre.
Nicolas et moi observons les gravures sculptées dans les pierres antédiluviennes au-dessus de nos têtes.
Et puis il y a aussi eu ce menhir qui aurait sans doute affriolé Sigmund Freud, d'autant qu'en voulant m'appuyer contre lui pour la photo, l'angle me donne l'impression de poser en mode lascif en langoureux. Je vous laisse donc avec ces images étranges que ce cliché vient d'implanter dans vos têtes.
Le menhir classe, dans sa clairière, sous les branchages, avec le lichen comme preuve de son passage à travers les âges immémoriaux... 

... et moi, avec mon style de touriste mal équipé pour les grosses chaleurs, short de bain à fleurs, rangers de la Bundeswehr, bref, le style qui sied tout à fait à ce monument néolithique. Mais au moins vous avez l'échelle !

1 commentaire:

  1. Encore un bel article !
    Et.. J'ai bien souri, entre autres choses, : ''Le menhir est une pierre dressée, le dolmen est une table IKEA '' puis ta propre description bien personnelle sur une des photos...

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